Le Sénégal avance à grands pas vers un nouveau chapitre de son ambition industrielle. Le 1er juillet 2025, l’État a paraphé avec le constructeur allemand Daimler Truck, représentant la branche Mercedes-Benz, une lettre d’intention ouvrant la voie à l’installation d’une usine d’assemblage de véhicules à Diamniadio. Cette infrastructure ne sort pas de nulle part : elle vient renforcer une dynamique enclenchée depuis plusieurs années pour implanter localement une filière automobile complète. Après les premiers accords signés avec des industriels chinois pour la production de bus, le pays franchit un palier supplémentaire avec un partenaire de poids sur le marché mondial du véhicule utilitaire.
Le projet s’intègre à la stratégie Vision 2050 du gouvernement, qui prévoit la structuration de pôles industriels à fort contenu technologique et à vocation régionale. L’usine prévue à Diamniadio sera pensée pour répondre aux besoins du Sénégal, mais également pour approvisionner d’autres pays de la sous-région, en particulier dans les secteurs de la sécurité, des infrastructures, et des transports logistiques.
Des véhicules adaptés aux priorités nationales
Le modèle retenu pour cette implantation est celui du Completely Knocked Down (CKD), qui consiste à assembler sur place des véhicules livrés en pièces détachées. Ce choix permet de limiter les coûts d’importation tout en favorisant le développement de compétences locales en ingénierie et production mécanique. Les véhicules produits à Diamniadio sont destinés à un usage intensif et stratégique : armée, sapeurs-pompiers, police, voirie urbaine et transport logistique.
L’usine, dont la première chaîne de montage sera opérationnelle avant la fin 2025, devrait générer plusieurs centaines d’emplois dès son démarrage. En amont, des programmes de formation seront déployés pour doter les techniciens sénégalais des compétences nécessaires à la gestion des opérations. L’impact attendu dépasse le simple cadre industriel : il s’agit de faire émerger un écosystème local autour de la mécanique lourde, de l’ingénierie d’assemblage, et potentiellement à terme, de la fabrication de pièces détachées.
Un projet industriel aux ramifications géopolitiques
Au-delà de l’aspect économique, l’arrivée de Mercedes-Benz au Sénégal porte un message politique fort. À l’heure où les pays africains cherchent à reprendre le contrôle de leurs chaînes de valeur et à réduire leur dépendance aux importations massives, ce type de partenariat représente un levier concret de souveraineté. L’usine de Diamniadio ne produira pas des véhicules de tourisme, mais des outils de puissance publique : camions de pompiers, véhicules militaires, engins logistiques. Ce choix révèle une volonté claire de renforcer les moyens matériels de l’État à travers des capacités industrielles maîtrisées.
Dans un continent où la sécurité, les transports et la logistique restent des défis majeurs, faire émerger une industrie capable de produire des véhicules adaptés au contexte local devient une nécessité. Le Sénégal semble vouloir se positionner comme un point d’ancrage de cette ambition, à la croisée de la modernisation industrielle et du redéploiement stratégique en Afrique de l’Ouest.
Laisser un commentaire