Sénégal : Suspicion de bavure policière à Rosso

Des policiers sénégalais - photo John Wessels / AFP

Le décès de Talla Ketia a fait l’effet d’une onde de choc à Rosso, petite localité où l’émotion peine à retomber. L’homme, connu de plusieurs habitants, est décédé après une période prolongée de souffrance physique consécutive à une arrestation dont les circonstances exactes restent encore floues. Des proches évoquent des douleurs persistantes et un accès difficile aux soins dans les jours ayant suivi sa détention. Si les faits ne sont pas encore établis de manière formelle, la thèse d’un traitement inapproprié lors ou après son interpellation circule avec insistance dans la rue comme sur les réseaux sociaux.

Depuis plusieurs jours, des messages viraux interpellent directement la police, appelant à des explications publiques. Pourtant, aucune réponse officielle n’a été formulée. Ce silence alimente la suspicion et renforce le sentiment d’abandon partagé par de nombreux habitants. À Rosso, certains y voient un énième épisode d’une relation dégradée entre la population et les forces de sécurité, où l’opacité devient la règle plutôt que l’exception.

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L’appel au sursaut citoyen

Le reporter Gas Salvador, qui a relayé cette affaire dans ses chroniques, a livré une prise de position sans détour. Il dénonce non seulement un possible abus, mais aussi ce qu’il décrit comme une passivité institutionnelle face à une situation qui mériterait pourtant une transparence totale. À travers plusieurs publications et interventions, il a invité les citoyens à refuser la banalisation de la violence exercée sous uniforme.

Il insiste sur la nécessité d’une enquête indépendante, afin de départager les faits et les responsabilités. Selon lui, seule une instruction menée hors des circuits habituels, avec des garanties d’impartialité, peut rétablir la confiance et éviter que ce décès ne soit classé sans suite. Il met également en garde contre les récupérations politiques ou les jugements hâtifs, plaidant pour une mobilisation qui soit à la fois ferme, pacifique et structurée.


La confiance érodée entre citoyens et forces de l’ordre

L’affaire Talla Ketia ravive un vieux malaise. Dans plusieurs localités du pays, la relation entre police et population reste marquée par la méfiance. L’absence de réaction officielle dans ce cas précis ne fait qu’aggraver ce fossé. Les initiatives de réforme engagées ces dernières années, notamment en matière de formation ou de communication institutionnelle, semblent encore peiner à produire leurs effets concrets sur le terrain.

À Rosso, comme dans d’autres communes, la question de la responsabilité des forces de l’ordre ne peut plus être écartée au nom de la stabilité ou de la réserve procédurale. Il ne s’agit pas ici d’accuser sans preuve, mais de reconnaître que dans une démocratie, chaque interpellation suivie d’un décès doit automatiquement déclencher un mécanisme rigoureux d’évaluation. Sans cela, c’est l’autorité de l’État lui-même qui se délite. Et avec elle, l’idée que la justice est accessible à tous, y compris à ceux dont la voix ne porte pas.

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