Russie : un nouvel élan ou le crépuscule de l’ère spatiale ?

Plus de six décennies après le vol de Youri Gagarine, la Russie tente de préserver son rang dans la conquête spatiale. Mais entre contraintes financières, isolement international et ambitions contrariées, le pays se trouve à un tournant. Reste à savoir si cette nouvelle phase marquera une relance ou le déclin d’un héritage historique.

Lancements et ambitions sous pression

En 2025, Roscosmos prévoit plus de vingt lancements orbitaux, un chiffre qui témoigne d’une activité soutenue malgré une situation difficile. Selon l’agence, le pays exploite aujourd’hui environ 220 satellites scientifiques, d’observation et de télécommunications. Cet été, la mission Bion-M No. 2 a ramené sur Terre des expériences biologiques après un mois en orbite, tandis qu’un tir depuis le cosmodrome de Vostochny a placé sur orbite le satellite iranien Nahid-2, accompagné de plusieurs engins russes.

Ces réalisations montrent que le programme reste actif, mais elles contrastent avec l’ampleur des ambitions lunaires et planétaires d’autrefois. L’échec de la mission Luna-25 en 2023 et les retards dans le développement des nouveaux moteurs soulignent la fragilité du secteur. Les sanctions internationales ont réduit l’accès à des composants essentiels, compliquant la modernisation des lanceurs et des systèmes d’exploration.

Le limogeage de Yuri Borisov et la nomination de Dmitry Bakanov à la tête de Roscosmos en février 2025 ont symbolisé une volonté de rupture. Le nouveau directeur a reconnu un « ralentissement critique » et dénoncé des années d’« illusion de progrès », appelant à un redressement rapide du secteur spatial russe.

Entre coopération limitée et incertitudes stratégiques

Malgré les tensions internationales, la Russie maintient une coopération avec la NASA grâce à la prolongation des vols croisés, qui permet l’envoi d’astronautes américains à bord des vaisseaux Soyouz et de cosmonautes russes sur les capsules américaines. Cette continuité montre l’importance de la Station spatiale internationale comme espace de collaboration, même dans un contexte géopolitique tendu.

En parallèle, Moscou ambitionne de lancer dès 2027 les premiers modules de sa propre station orbitale, afin de réduire sa dépendance aux infrastructures occidentales. La Russie cherche également à renforcer ses partenariats avec la Chine et certains pays émergents pour développer des constellations de satellites de télécommunications et d’observation, une manière de compenser la perte de coopérations avec l’Europe et les États-Unis depuis le début de la guerre en Ukraine.

Si le pays conserve des compétences techniques et une base industrielle, les experts estiment que le retard accumulé et les contraintes budgétaires risquent de freiner durablement ses ambitions lunaires et martiennes. L’avenir dira si la Russie saura transformer ses réformes actuelles en une véritable relance ou si elle assistera à un effacement progressif de son rôle historique dans la conquête spatiale.

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