La ministre de la Justice, Yassine Fall, a effectué une visite à la maison d’arrêt de Saint-Louis le vendredi 30 octobre 2025. Cette étape s’inscrit dans une série d’inspections entamées début octobre dans la capitale à Rebeuss et Liberté 6. Elle souhaite impulser une transformation du système pénitentiaire, fondée sur la réinsertion et l’humanisation des conditions de détention, alors que la surpopulation carcérale reste un défi majeur pour le pays.
Une tournée pour repenser le système carcéral
Poursuivant sa tournée dans les établissements pénitentiaires, Yassine Fall a réaffirmé sa volonté de « réduire la surpopulation » et de promouvoir des peines alternatives à l’incarcération. À Saint-Louis, elle a insisté sur la nécessité d’offrir aux détenus un cadre plus digne, apte à favoriser leur réinsertion sociale. La ministre a également évoqué la modernisation des infrastructures, l’accès aux soins, et la mise en œuvre d’un dispositif de suivi pour les peines non privatives de liberté.
Cette démarche s’inscrit dans la continuité de la visite qu’elle avait effectuée à Rebeuss, principale prison de Dakar, au début du mois d’octobre. Conçue pour 800 détenus, la maison d’arrêt en héberge aujourd’hui plus de 3 700 prisonniers, un chiffre qui illustre l’ampleur du défi. La ministre y avait alors rappelé que la détention provisoire ne saurait être la règle, et que le système devait évoluer vers une justice restaurative et plus humaine. Des discussions sont en cours pour renforcer les partenariats avec les organisations locales de défense des droits humains, une piste évoquée pour soutenir ces réformes à venir.
L’épineuse question de la détention provisoire prolongée
Selon les derniers chiffres communiqués par l’administration pénitentiaire, 3,6 % des détenus au Sénégal sont en détention provisoire depuis plus de trois ans. Ce taux, bien qu’en apparence modeste, révèle des situations de privation de liberté prolongée sans jugement, en contradiction avec les conventions internationales que le pays s’est engagé à respecter, notamment le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Ce constat nourrit le débat sur l’efficacité des enquêtes judiciaires et la lenteur des procédures, souvent aggravées par le manque de personnel judiciaire et d’infrastructures adaptées.
Les conclusions de la visite de Yassine Fall devraient être présentées lors d’une prochaine réunion interministérielle. Les recommandations porteront sur la révision du code de procédure pénale et sur le déploiement progressif de programmes de réinsertion dans toutes les maisons d’arrêt du pays. Ces propositions, si elles sont adoptées, pourraient marquer une étape significative dans la modernisation du système judiciaire sénégalais.
La tournée ministérielle se poursuivra dans d’autres régions du pays afin d’évaluer les conditions de détention et d’identifier les réformes prioritaires avant la présentation du plan national de justice restaurative prévue début 2026.



