Les maladies occidentales apparaissent en Afrique

Un continent qui se déplaçait traditionnellement à pied ou à vélo, circule de plus en plus en voiture et en bus. On passe plus de temps au bureau, les ascenseurs remplacent les escaliers et les cols blancs africains découvrent la gym. “Dans le passé, on avait l’habitude de faire de l’exercice sans le savoir”, se souvient le ministre de la santé sud-africain Aaron Motsoaledi. Et d’ajouter, évoquant son enfance: “on marchait longtemps pour aller à l’école, à son travail ou dans les magasins. Mais maintenant, je suis un Africain dont l’enfant est déposé à la porte de l’école en voiture et qu’on vient chercher en fin de journée, et qui s’installe devant la télévision”.

En Afrique de l’Ouest, les Camerounais qui jadis ne mangeaient du riz que pour les fêtes, en remplissent leurs assiettes, laissant de côté les légumes que leurs parents mangeaient. Plus au sud, les habitants du Malawi trouvent que la restauration rapide est le symbole d’un certain standing.

Publicité

Partout dans le monde, ces maladies liées au mode de vie vont de pair avec l’urbanisation et l’industrialisation, et il en résulte une augmentation de l’obésité et des maladies qui l’accompagnent. Mais ces dernières sont d’autant plus malvenues en Afrique que le continent doit déjà affronter le sida et le paludisme.

“Ces pays sont vraiment confrontés à un double fardeau”, a souligné le Dr Timothy Armstrong, expert au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’occasion d’une réunion sur cette question en octobre. Comment, se demande-t-il, un médecin qui s’occupe de paludisme ou du sida peut-il trouver le temps de dire aux patients de surveiller leur poids? Timothy Armstrong souhaite que les gouvernements africains suivent l’exemple de l’occident en ce qui concerne les taxes sur le tabac. Il fait par ailleurs pression sur l’industrie alimentaire pour qu’elle diminue les quantités de sel et de sucre. Mais la prise de conscience fait défaut.

Fatima Macuacua, 31 ans, possède une épicerie à Maputo, la capitale du Mozambique. Elle refuse de croire que ses “fast-food” favoris puissent lui être néfastes. “Cancer, diabète, hypertension artérielle et autres maladies ne sont pas un problème pour les Africains”, insiste-t-elle. “Peut-être l’est-ce pour les Européens”.

De plus, la classe moyenne du continent le plus pauvre reste modérée et, pour beaucoup, les problèmes alimentaires sont bien plus importants que le gluten et les acides gras. Une augmentation du prix du pain a déclenché des émeutes à Maputo cette année.

Publicité

Ses propres observations ont convaincu le cardiologue kenyan Elijah Ogola qu’il y avait un problème, notamment du côté des enfants moins actifs que ne l’étaient leurs parents au même âge.

“En général, nos vies sont tellement remplies que même si vous avez les moyens de vous offrir des cours de gymnastique, vous n’avez pas le temps d’en faire. Vous montez dans un bus, dans un ascenseur et vous vous asseyiez à votre bureau”, souligne Elijah Ogola.

Pour le Dr Jean-Claude Mbanya, qui préside la fondation internationale du diabète, les urbanistes pourraient apporter leur aide en dessinant par exemple des zones interdites à la circulation dans lesquelles les Africains pourraient retrouver la marche.

Il y a 15 ans, dans son pays, le Cameroun, 5% des adultes présentaient des signes annonciateurs d’un diabète et 1,2% en souffraient déjà. Dix ans plus tard, les chiffres étaient passés à 9% et 7%. La fondation de Mbanya estime que 12 millions d’Africains sub-sahariens souffrent de diabète. Un chiffre qui, selon la fondation, devrait doubler d’ici 2030, cette région devenant la plus touchée du monde.

Une récente publication du “New England Journal of Medicine” souligne que les maladies chroniques telles que le diabète représentent 60% de la totalité des décès dans le monde, et 80% de ceux des pays pauvres. En Afrique du Sud, le nombre de décès liés au diabète a augmenté de 38% entre 1999 et 2006, et les maladies cardiovasculaires de 20%.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité