Des étudiants de l’Uac se prononcent
Dénis Hodonou
«Il y a eu la conférence parce que les hommes politiques d’alors ont su taire leurs divergences pour l’intérêt de la nation. Ainsi, cette conférence est un exploit que le Bénin a accompli et qui s’est transformé par la suite en référence pour les autres pays du continent africain. Mais ce qui est à déplorer, c’est qu’au fil des ans, tous les acquis issus de cette conférence nationale ne sont pas respectés. On constate que la politique politicienne a envahi les mœurs ideologiques. Les hommes politiques de nos jours ne tiennent plus comptent des aspirations de la population. Ils n’agissent que selon leurs propres intérêts. Cela a donc eu des répercussions négatives sur les jeunes.
Sur le plan social, au lieu que la conférence des forces vives de la nation serve à régler les problèmes, c’est au contraire qu’on a eu droit. Historiquement, les jeunes ont peu d’idées sur cette conférence parce qu’on ne le leur raconte pas. L’effet que la conférence a pu produire s’est émoussée avec le temps au niveau de la jeune génération.
Économiquement, le Bénin est à la traine. L’économie souffre énormément pour cause du non pérennisation des acquis de la conférence. Sur ce plan, on n’a pas su utiliser le génie qui a amené à cet événement majeur afin de sortir l’économie de l’eau.
Sur le plan culturel, les autorités doivent faire de cette conférence un patrimoine à transmettre de génération en génération. Il devait normalement y avoir, chaque année, une fête nationale pour célébrer cette conférence. Aussi, sera-t-il important de d’organiser des concours en l’honneur de la conférence et en profiter pour primer les meilleurs lauréats. Cette même initiative devrait aussi avoir cours en sport et ce, dans toutes les disciplines pour non seulement encourager les jeunes qui se donnent aux activités sportives mais aussi faire développer ce secteur au Bénin. S’il faut faire un bilan, 22 ans après, on peut dit qu’elle est un échec. Un échec en ce sens qu’on n’a pas su tirer profit de tous les avantages dont regorge la conférence. Nous nous sommes seulement contentés des miettes. Et pour en tirer véritablement profit, il va falloir encore la revisiter pour en ressortir toutes les résolutions prises et les mettre à la portée de la jeune génération et celle à venir afin qu’elles, au moins, s’en servent pour développer le pays. Malgré tout, en dehors des ratées qu’on y note, la conférence a permis d’éviter que le pays bascule dans la violence».
Epiphane Adadja
«Le Bénin a connu une avancée démocratique par le biais de la conférence nationale et c’est à saluer. Toutefois, la manière dont les choses se passent actuellement n’est pas du tout de nature à faire évoluer le pays. Et pour pallier ces choses, il est important de revoir la Constitution. Mais réviser la Constitution ne signifie pas réviser à la mesure des ambitions de nos hommes politiques qui ne pensent qu’à satisfaire leurs propres intérêts. La Constitution doit être revue dans le but de revoir et de corriger les imperfections qu’elle comporte. Ce n’est qu’après cela que nous pouvons espérer un probable début de développement pour Bénin. Aussi, est-il important de revoir le secteur judiciaire. C’est souvent ce secteur qui est à la base des dérives et des violences qu’on constate dans les autres pays africains comme c’était le cas en Côte d’ivoire et au Sénégal. Ce qui signifie que la révision de la Constitution doit prendre en compte tous ces aspects qui n’apportent souvent que malheurs aux pays».
Eric Azaney
«La conférence a eu lieu à un moment où il le fallait pour savoir s’il fallait continuer ou pas avec le désordre qui régnait dans le pays. Mais le constat est que la démocratie née de cette conférence a donné naissance à d’autres désordres plutôt qu’à lutter contre eux. Ceci s’explique aisément par les revendications tous azimuts auxquelles on assiste. Et il est maintenant important de se demander si le Bénin a vraiment besoin de cette démocratie pour évoluer. En tout cas, à mon avis, la réponse est non. Il est clair que les pays qui se sont développés n’ont pas fait de la démocratie leur cheval de bataille. Ce qui veut dire que si nous voulons que le Bénin se développe aussi, nous devons faire un trait sur la démocratie, du moins revoir la manière dont nous la pratiquons ici».
Propos recueillis par Ben-Saïd Adjiboyrihan