Dossier spécial conférence nationale

 

Au Plm Aledjo, sur les ruines du berceau de la démocratie béninoise

Construit en bordure de la mer au quartier Jak à Cotonou, l’hôtel Plm Aledjo qui a servi de cadre à la tenue de la conférence des forces vives de la nation de février 1990, qui a donné naissance au renouveau démocratique béninois, se trouve dans un état d’abandon. Découverte des ruines du berceau de la conférence des forces vives de la nation.

C’est face à un bâtiment délabré, abandonné et inoccupé que s’est retrouvée notre équipe de reportage lorsqu’elle est allée à la découverte de l’hôtel Plm Aledjo ; lieu historique pour la démocratie béninoise. Cet hôtel, somptueux à l’époque, selon des témoignages concordants, qui a servi de cadre à l’historique conférence des forces vives de la nation du 19 au 28 février 1990 est, 22 ans après l’événement, un bâtiment en état de décrépitude avancée. A notre arrivée sur le site dans l’après midi de ce mardi 21 février 2012, deux hommes en uniforme sont postés à l’entrée. Renseignements pris, on apprend que leur présence sur les lieux se justifie par le fait que les locaux de l’hôtel ont servi de quartier général à la réalisation de la Lépi, les équipements qui ont servi à la réalisation de ladite liste y sont stockés. Dans la cour, du moins la partie que nous avons pu visiter, tout est pratiquement désert avec des herbes de part et d’autre de l’entrée de la cour de l’hôtel. Les fleurs qui servaient à embellir la cour ont suffisamment poussé et laissées sans soin. Pour ce qui est du bâtiment principal sur la façade duquel est écrit « PLM ALEDJO », la peinture de couleur jaune s’est érodée avec le temps. La porte principale est hermétiquement fermée. La salle de conférence, où se sont déroulés les débats entre délégués lors de la Conférence nationale, est semblable à un débarras laissé dans l’oubli. Les tables et chaises-le restant des chaises une bonne partie n’étant plus là- sont entièrement recouvertes d’une épaisse couche de poussière. Les microphones sont totalement endommagés par l’embrun marin. A côté de cette salle de conférence, se trouve celle des tête-à-tête, devenue plus tard salle casino. « C’est dans cette salle des tête-à-tête que se retiraient les grandes personnalités pour des discussions restreintes avant les débats en plénière » ; témoigne l’une des personnes trouvées sur les lieux et qui confie avoir vécu lui aussi l’événement. Le site dans son entièreté est menacé par la mer qui avance petitement. Selon les explications fournies par Patrice, un ancien agent de l’hôtel trouvé sur les lieux, le domaine de l’hôtel qui était auparavant de 20 ha serait maintenant d’environ 15 ha, du fait de l’avancée de la mer. A part le bâtiment principal, on trouve sur cet vaste espace 11 villas de grand standing de 5 chambres chacune. « Plm Aledjo était un somptueux complexe hôtelier où se tenait les plus grandes rencontres et conférences officielles du pays». Il renseigne que l’hôtel était encore en service jusqu’en 2009. C’est à cette date que le gouvernement a mis le local au service de la réalisation de la Lépi et le personnel mis au chômage technique. Mais la réalisation de la Lépi terminée plus rien jusqu’à ce que récemment, une partie du domaine, soit 8 ha, ait été cédée à une chaîne hôtelière sud-africaine.
Léonce Gamaï

Plm: le berceau vendu

Le 16 février dernier au siège de son ministère, le ministre du plan Marcel de Souza a présenté à la presse un projet du gouvernement : un hôtel cinq étoiles assorti d’un centre de diagnostic médical muni d’une plate forme technique de haut niveau et d‘un centre commercial et d’une aire de jeux. Il est l’initiative du groupe sud africain Rezidor spécialisé dans les chaînes hôtelières Radison Blue Hotels. Le coût global de ce projet est estimé à 150 milliards de francs Cfa. Ambitieux projet n’est-ce pas ? Seulement, les 8hectares qui serviront à construire cette infrastructure importante seront prélevés de ce qui reste du site qui abrite l’hôtel Plm Alédjo, le même dont la salle de conférence a abrité les travaux de la conférence des forces vives de la nation. Et tenez, pour les 8 hectares, le bail emphytéotique n’a coûté que 80 millions, soit 10 millions l’hectare. Rezidor peut se frotter les mains d’avoir fait une bonne affaire dans une zone résidentielle où les parcelles de 500m2 coûtent entre 20 et 100 millions. Le Plm Alédjo n’existera désormais que dans les livres d’histoire et dans la tête de quelques nostalgiques. Et même si le gouvernement se défend en disant que la salle de conférence ne sera pas détruite, il est évident que le nom de ce lieu où naquit la démocratie béninoise ne va plus exister. Bye bye le Plm Alédjo. Comme hélas le Conseil de l’Entente, l’autre vestige du passé bradé il y a quelques années aux américains.
Marcel Zoumènou 

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