Les grands acteurs
La convocation et la réussite de la conférence nationale ont été l’œuvre de certaines personnalités. En dehors de Mathieu Kérékou qui a pris l’historique décision de convoquer cette conférence et d’accepter ses décisions, il y a d’autres personnalités qui y ont joué un grand rôle. On citera Monseigneur Isidore de Souza, président du présidium. Ce prélat a fait montre de grande sagesse pour conduire la conférence à bon port, Robert Dossou qui a présidé le comité préparatoire, Albert Tévoédjrè qui a été le rapporteur de cette conférence, Nicéphore Soglo qui deviendra le Premier ministre et bien d’autres…
Aux affaires depuis le 26 Octobre 1972, La décision de convoquer cette conférence a été prise par le président Kérékou, courant Novembre 1989, alors que son régime militaire tanguait, n’arrivait plus à contenir la fronde des travailleurs et des étudiants sans salaire depuis des mois. Il a compris très tôt qu’il faut convoquer cette conférence afin d’instituer dans le pays un régime plus démocratique. Mais les choses ne se sont pas passées tel qu’il l’a pensé. Au point où dans la nuit du samedi 24 février 1990, alors que les travaux étaient presque terminés et que le débat sur la souveraineté de cette conférence était houleux, il convoque monseigneur de Souza dans son bureau au palais, le sermonne d’avoir pris une voie autre que celle qu’il leur a tracée. « Que faites vous là bas, je ne vous ai pas demandé de faire la politique là bas », fulmine-t-il avant de dicter des instructions au prélat avant de se raviser et de lui dire « dites leur ce que vous voulez »(lire cette discussion dans sn intégralité à la page…). Mais ce n’est pas tout. Dans cette nuit, il débarque aussi dans la salle de conférence et menace les participants de ne pas le pousser à la démission. C’est la nuit la plus décisive de la conférence nationale. Après des heures de discussion en tête à tête avec Monseigneur de Souza, le Général Kérékou se retire et accepte la souveraineté des actes de cette conférence. C’est ce jour que le prélat a fait de sa plus grande capacité à convaincre et à apaiser des tensions.
Monseigneur Isidore de Souza a participé à la conférence nationale en tant que délégué de la conférence épiscopale. Désigné au dernier moment pour remplacer son collègue Monseigneur Robert Sastre, il sera plébiscité par les participants pour diriger le présidium, rôle qu’il a joué avec foi et sagesse et a réussi à surmonter tous les obstacles et amener le Bénin à la démocratie.
Robert Dossou a joué un rôle très déterminant dans l’avènement de la démocratie au Bénin. On se rappelle bien de cette audience du 28 Juillet 1989 que le président Kérékou lui a accordé en compagnie de son collègue Ahouansou et au cours de laquelle ils ont le courage de lui dire que la voie qu’il a choisie ne saurait prospérer. Il s’est beaucoup investi avec ses amis du comité préparatoire dans l’organisation de cette conférence et a réussi le pari de convoquer 512 délégués dans un contexte politique où l’on doutait encore de la bonne foi du président Kérékou. Il s’est beaucoup sacrifier, parfois même en payant de sa poche des dépenses liées à cette conférence historique.
Albert Tévoédjrè, bien que sa contribution n’a pas été aussi importante comme les trois premiers a été un membre influent du présidium en sa qualité de rapporteur. Rôle qu’il a d’ailleurs joué avec brio en présentant un rapport assez exhaustif et très instructif.
Le président Soglo, comme le professeur Tévoédjrè n’a pas été un acteur influent de cette conférence mais c’est lui qui a eu la lourde responsabilité de mettre en application toutes ces décisions prises puisqu’il a été nommé premier ministre du gouvernement de transition et a mis en place les premières reformes de l’ère démocratique au Bénin.
Marcel Zoumènou