Pour défaut de financement aux programmes de lutte contre le Sida : tous menacés de mort collective

Avec le Fonds mondial qui arrive à terme et qui va se retirer prochainement du programme de lutte contre la pandémie du Sida, nul ne sait ce qui adviendrait de la communauté des humains dans les pays -au nombre desquels le Bénin- où le mal sévit sans pitié. 

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«C’est notre objectif – zéro nouvelles infections, zéro stigmatisation et zéro décès liés au sida», avait déclaré M. Ban Ki-Moon, sous une salve d’applaudissements, il y a presqu’un an, lors d’une Assemblée générale des Nations Unies à New York. 

En reprenant à son compte la formule fétiche devenue son credo et articulée de la manière suivante: «Parvenir à zéro nouvelle infection, zéro décès lié au sida, zéro discrimination au Bénin d’ici à 2016», le Comité national béninois de lutte contre le Sida qui croyait si bien faire a seulement oublié que le leadership essentiel requis pour l’atteinte de cet objectif faisait déjà défaut et continue de l’être. Certains analystes ont, de leur côté, estimé que c’est pour booster ce leader au plus haut niveau de l’Etat que le cri de guerre est adopté.
Modeste Koami Gouton, Spécialiste de plaidoyer VIH, qui travaille au Bénin sur un programme international (Plaidoyer Sud) exécuté par CeRADIS, indiquait que Boni Yayi, le chef de l’Etat du Bénin «depuis 6 ans qu’il est au pouvoir, et en sa qualité de président du Comité national de lutte contre le Sida n’a pas encore montré son intérêt en faveur de la lutte contre le Sida». L’homme n’aurait jusque-là présidé la moindre réunion de la structure faitière du combat contre le virus dans son pays.
Dès lors, et au regard des dysfonctionnements qui caractérisent l’administration béninoise, le débat du mécanisme de financement qui assurerait le relais au retrait de la plupart des programmes de financement extérieur n’est même pas encore posé. Or, dès juin 2012 prochain, la phase 2 du Programme multisectoriel de lutte contre le Sida (PMLS II) finance par la Banque mondiale arrive à son terme. Le Fonds mondial de lutte contre le Sida, quant à lui est, de moins en moins, en mesure de tenir son pari. Ses responsables au plus haut niveau avaient déjà adressé une correspondance aux autorités béninoises en charge de la santé, du temps du ministre Issifou Takpara, annonçant qu’il était tant que le Bénin prenne à son compte d’assurer, à hauteur de 95% le financement de la 1ère ligne des dépenses que le Fonds entend leur céder, suivant le protocole intervenu entre eux.  Idem du soutien de la Fondation Clinton pour les ARV qui commence a s’essouffler.

Le renversement de la tendance relève de l’urgence

C’est que l’argent nécessaire à la réalisation des objectifs reste une question essentielle, mais les sources possibles se raréfient, tant il est vrai que les pays membres des institutions partenaires -techniques et financiers- sont en crise et le niveau presque zéro de leur croissance économique a du mal à continuer de soutenir un tel effort», renchérit Modeste Koami Gouton. Quelque 10 milliards de dollars, soit 4500 milliards de F Cfa, sont en effet dépensés chaque année et selon l’Onusida, il faudrait 6 milliards de dollars supplémentaires. Au cours de la l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, en juin 2011, les pays avaient accepté d’augmenter leurs dépenses liées au SIDA pour obtenir entre 22 et 24 milliards de dollars d’ici 2015 dans les pays à faibles et à moyens revenus. A cette occasion, le président nigérian, Goodluck Jonathan, avait plaidé en estimant que «Dire que le financement adéquat est essentiel à la réussite de notre réponse au VIH et le sida est un euphémisme,» avant d’ajouter que: «De nombreux pays, dont la mienne, ne peuvent ni atteindre les objectifs que nous nous étions fixés, il y a dix ans, ni les OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement), sans le soutien de nos partenaires au développement. Tout en appréciant leur aide, je voudrais saisir cette opportunité pour les exhorter à faire plus d’efforts pour tenir leurs promesses à l’orée de 2015». En attendant qu’il en soit ainsi, le Bénin devra, pour ce qui le concerne, mobiliser 80% du montant des dépenses initialement consenties par les partenaires financiers a qui ne reviendraient plus  que le reste estimé a 20%, afin d’aider à renverser ainsi la tendance observée jusque-là. Il y a va de la survie des populations touchées et des économies des États.
Si, hier, les defis majeurs ont été ceux de faire avancer la recherche pour aboutir aux ARV avec les financements extérieurs, aujourd’hui le plus gros handicap est celui de la mobilisation des ressources internes aux pays africains qui sont les plus touchés dont les économies sont en croissance. Malheureusement, la mauvaise gouvernance qui y a cours dans nos pays ne milite pas en faveur de l’atteinte de l’objectif vital et on se demande si, nous ne sommes pas tous menacés de mort collective, les personnes vivant déjà avec le Sida, en premier.

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Erratum

Une fâcheuse erreur de statut s’est glissée dans l’article d’hier ( Sida: des pas de géant effectués, du chemin encore à parcourir ) et qui fait de M. Modeste K. Gouton un employé du PNLS. L’intéressé, à qui nous présentons nos excuses, est plutôt Spécialiste de plaidoyer VIH travaillant au Bénin sur un programme international (Plaidoyer Sud) couvrant 4 pays africains (Burkina, Cameroun, RDC et Bénin) et exécuté au Bénin par le CeRADIS.

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