Vih/Sida au Bénin : l’instabilité de la tutelle du Sp/Cnls, une entrave majeure

 

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La tutelle du Secrétariat permanent du Comité national de lutte contre le Vih/Sida au Bénin va d’un ministère à un autre. La situation affecte la réponse nationale à la lutte au Bénin du fait de l’instabilité financière, du manque de leadership du Cnls et de sa dépendance -vis-à-vis des partenaires, qu’elle engendre.

Si l’ensemble des maux qui entravent la lutte contre le Vih/Sida au Bénin est assimilable à une gangrène, c’est depuis le sommet de la chaîne que celle-ci a pris corps. Elle est omniprésente sur toute la ligne de la lutte au Bénin. Même la structure mère est enrhumée. Le Comité national de lutte contre le Sida (Cnls) n’est donc pas à l’abri de cette gangrène. En son sein, les obstacles sont de divers ordres dont administratif. Sur ce plan, il s’agit précisément de sa tutelle.
Vu le caractère multisectoriel de la réponse nationale à apporter au Vih, il a été suggéré à la création du Cnls, de le rattacher directement à la Présidence de la République. Mais depuis sa création en 2003, on y note une instabilité administrative. Plusieurs rapports d’analyse de la situation de la lutte au Bénin le mentionnent. Dans le rapport 2010 de situation national à l’intention de l’Ungass, on lit : «L’article 2 du décret créant le Cnls, à cet effet, prévoit que le Président du Comité est le Président de la République. Il se pose pourtant un véritable problème lié à la tutelle du secrétariat permanent du Cnls. Depuis la création du Sp/Cnls, on observe une instabilité du secrétariat qui passe d’un ministère à un autre (ministère du plan puis ministère de la santé).» Le rapport 2011 de synthèse de l’analyse de la situation épidémiologique et de la réponse nationale fait le même constat en ces termes : «Le Cnls devrait être administrativement rattaché à la Présidence de la République, toutefois, cette décision n’a pas été mise en œuvre comme prévu. Placé sous la tutelle du ministère du plan, puis ensuite rattaché, depuis 2007 au ministère de la santé (sans la prise d’une note administrative à cet effet).» C’est pourquoi il est recommandé dans ce rapport : «Dans la perspective de la planification stratégique 2012-2016, il s’avère indispensable de réaffirmer et de clarifier le rôle et les missions du Cnls et de son Sp par acte administratif précisant clairement sa tutelle administrative, son organisation, son fonctionnement, ses attributions, avec des ressources matérielles et financières conséquentes pour leur permettre d’assumer les missions, les fonctions d’autorité nationale de coordination effective de la lutte contre le Sida au Bénin.»

Une autorité affaiblie

L’instabilité institutionnelle du Cnls continue d’ailleurs d’être un obstacle majeur pour l’efficacité de la réponse nationale de la lutte au Bénin. Ceci du fait qu’elle crée un certain nombre de problèmes. Le premier est d’ordre financier. Il y a, en effet, des difficultés par rapport au budget sur lequel il faut placer les besoins financiers du Cnls. «L’inexistence d’un acte officiel clarifiant la position du Cnls au sein du ministère de la santé, les changements de la tutelle administrative du Cnls ayant pour conséquence, l’absence d’allocation d’une ligne budgétaire spécifique à cette structure au niveau du budget national», constate le rapport de synthèse de l’analyse de la situation épidémiologique et de la réponse nationale, juillet 2011.
Le Cnls, structure qui devrait assurer la coordination de toutes les autres structures ou des partenaires agissant dans le domaine de la lutte contre le sida, devient du coup, une structure  subordonnée à ceux-ci, du moins en matière de finance. En effet, précise le même rapport 2011, l’absence ou l’insuffisance de ressources financières ne permet pas au Cnls, une autonomie de gestion et accroît sa dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds et donc, une dépendance financière vis-à-vis des projets financés par des partenaires.
Toutefois, dans le rapport national de suivi de la déclaration politique sur le Vih/Sida, 2012, on apprend que, conformément à la recommandation de juillet 2011 évoquée ci-dessous, des mesures ont été prises pour «une augmentation du budget de fonctionnement et des ressources humaines du Sp/Cnls.» Aussi, lit-on dans le rapport, «Au niveau du ministère de la santé, le Sp/Cnls a procédé à l’actualisation des textes portant création et fonctionnement du Cnls et de son Secrétariat permanent qui attendent d’être signés».
Rien ne devrait bloquer la signature de ces nouveaux textes pour ne pas laisser la situation perdurer encore des années. Sinon, c’est l’autorité du Cnls qui sera toujours affaiblie. Et, ainsi tout le système de lutte contre le Vih/Sida au Bénin. Sans l’affirmation de l’autorité du Cnls, la coordination de la riposte nationale et de tous les acteurs impliqués dans la réponse nationale au Vih/Sida au Bénin ne pourra jamais être efficace.
C’est d’ailleurs dans ce cadre que la Coalition Arv appelle toujours à une plus grande implication du Chef de l’Etat dans la lutte et l’invite à exercer son pouvoir de Président du Cnls, et ce, dans son entièreté et de façon permanente. C’est une condition sine qua non pour sauver la vie des Pvvih au Bénin et de façon générale, préserver la santé du peuple béninois.  

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Enquête réalisée avec l’appui de CeRADIS-ONG

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