Le rapt amoureux ou le mariage a la Betamari (partie 2)

Résumé : Benoit dit Bogosse est un adolescent, frustré de ne pouvoir séduire Fanta, une jeune femme de passage au village pour les vacances. Le jeune homme décide alors de l’enlever, de jouir d’elle et d’en faire son épouse. Exactement comme cela se fait dans l’ancien temps.

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Le lendemain, vers seize heures, Fanta et Sarah se rendent au marché de la localité. Distant de près de cinq kilomètres du village, ce lieu d’échanges offre au public des produits immédiatement issus des champs, comme par exemple des épis de maïs. Les deux femmes empruntent chacune un taxi-moto. En s’installant sur le siège-arrière du véhicule, Fanta ne peut s’empêcher de rire du casque des conducteurs. Ils lui donnent l’impression d’être des calebasses peintes, avec leur design grossier, à moins qu’il s’agisse de canaris retournés tant leur équilibre, sur leurs têtes, semble relever du waka-waka.

Au milieu du parcours, le deuxième zem commence à ralentir, laissant le premier accélérer. Fanta ne se doute de rien, au contraire, elle se laisse bercer par le vent frais qui souffle sur leur passage. Bientôt, le dernier carrefour : ici, la voie se divise en deux et celle de droite, plus étroite, file en contrebas. Le deuxième zem se risque là-dessus en toute vitesse. Intriguée, Fanta demande ce qui se passe. Mais le motard se contente d’accélérer, provoquant le rugissement violent de l’engin.

-Arrêtez ! hurle la jeune femme, arrêtez immédiatement ! Hééé ‼

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Le zem a vendu ses oreilles. Rien à foutre avec les cris de la rieuse. Mais celle-ci, pressentant le danger, bondit de la moto et se retrouve au sol. Le temps de rouler sur quatre, cinq mètres, elle s’est déjà relevée. Ses longues jambes se déploient aussitôt et la projettent dans une foulée endiablée. Elle court droit devant elle. Mais stupeur : devant, un autre homme vient de surgir, la tête couverte du même casque-canari, un couteau dans la main. Elle se retourne, tente de trouver une issue ailleurs. Mais le zem est descendu de sa moto et lui barre le chemin. Fanta comprend dès lors qu’elle est en train d’être victime d’un rapt. Hurler ? Appeler à l’aide ? Peut-être que tout le village est au courant.

Sur ordre de l’inconnu, elle remonte calmement sur la selle du zem. L’autre la rejoint sur la moto. A trois, l’engin n’a aucune peine à redémarrer. Le bruit qu’elle émet crépite dans le paysage avec des échos saccadés qui se décuplent dans l’air.

Dix minutes après, ils arrivent au pied de l’Atacora, devant une grotte qui dentelle les abords de la chaîne montagneuse. On fait descendre la vacancière. Bientôt, le premier zem, celui qui a pris sa cousine, se joint à eux. Désormais, ils sont trois et la cernent de partout, sauf du côté sud, à l’entrée de la grotte.

Fanta tremble comme un cocotier au milieu d’une tornade. Les yeux larmoyants, elle tente de dévisager ses ravisseurs, mais elle ne peut que voir la moitié de leurs visages coupés par les casques-canaris. Soudain, des bruits de pas venant de l’intérieur de la grotte, signalent l’arrivée d’une quatrième personne. En effet, une nouvelle silhouette jaillit, déguisée en danseur de Tipenti, le visage couvert d’un masque.

Fanta, cette fois-ci, a un pressentiment : derrière ce masque, elle ne peut ne pas le reconnaître, avec sa silhouette de catcheur en herbe, ses épaules voûtées, son cou épais, son teint jaunâtre.

-Benoit ! hurle-t-elle.

L’amoureux forcené enlève son masque et, les yeux inquisiteurs, regarde fixement la jeune femme. Les trois complices, un à un, se retirent, laissant à Bogosse l’occasion d’assouvir son rêve.

-Benoit, risque-t-elle, tu ne peux pas me faire ça, tu ne dois pas m’infliger ça.

-Pourquoi, Fanta ? rétorque l’adolescent, ça c’est toujours passé ainsi.

-Toi et moi, on est allé à l’école, on ne peut pas se comporter comme des sauvages.

-Je te veux comme femme, tu verras ça se passera très bien.

-Tu me veux et tu veux d’abord me violer ? Tu n’as pas peur que je te déteste après ?

-T’inquiète pas, je serai doux avec toi et…

-Va te faire foutre !

-Comment ?

Elle se retourne aussitôt, esquisse un geste de fuite, mais Bogosse a déjà anticipé et a plongé sur elle. De sa poigne, il la saisit par les pieds et la culbute. Dans l’entrain, le souffle de la jeune femme lui empreigne l’haleine. Du gingembre. Ça sent du gingembre concentré, le genre d’épices qui vous redresse le pilotis d’un homme…

La respiration  de Benoit devient courte. Hardiment, il soulève la rieuse, la jette sur les épaules et entre dans la grotte avec. Exactement comme un trophée. Sa pensée, désormais, est toute concentrée sur une chose, une seule : arracher à l’insolente des cris pouvant agiter la montagne et secouer jusqu’au ventre de la terre.q

A SUIVRE...

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