La syphilis peut être guérie

Appelé aussi vérole, la syphilis est une maladie due à la bactérie tréponème pâle. Cette bactérie a été identifiée par Fritz Schaudinn et Erich Hoffmann à Berlin en 1905. 

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C’est une maladie dangereuse, car elle accroît le risque de transmettre ou de contracter le VIH/SIDA. Docteur Philipe AGBALIKA, médecin généraliste nous en parle dans cet entretien.

La syphilis à l’instar du VIH/SIDA fait aussi beaucoup de victimes. Quelle est la différence entre ces maladies?

Il existe une grande différence entre la syphilis et le VIH/SIDA. Ces deux maladies sont des infections sexuellement transmissibles. Elles partagent beaucoup de point en commun. Le mode de transmission de ces maladies est presque identique. La différence est que la syphilis est due à la bactérie tréponème pale alors que le VIH/SIDA est dû au virus d’Immunodéficience humaine. Du point de vue des microbes responsables des deux maladies, il y a une différence. Il y a également du point de vue thérapeutique une différence. La syphilis peut se traiter et se guérir, par contre le VIH/SIDA, tout le monde le sait, au jour d’aujourd’hui la médecine moderne n’a encore trouvé aucun traitement curatif pour cette infection. Voilà globalement les différences entre ces deux infections.

Quelles sont les causes de la syphilis docteur?

C’est une très grande question parce qu’il faut dire que par faute d’information beaucoup de jeunes contractent vite cette maladie. Le premier moyen d’attraper la syphilis, c’est par voie sexuelle. En dehors cette voie, nous avons la voie sanguine et la transmission mère-enfant. Vous permettez que je m’attarde un peu sur la voie sexuelle car, c’est la toute première voie de contamination et la prépondérante. Dans 90% des cas, on attrape la syphilis par voie sexuelle. C’est une personne infectée qui a des relations sexuelles avec une autre en bonne santé et la contamine. 

Par voie sanguine, la maladie se transmet lors de la transfusion sanguine et il y a aussi le fait d’échanger des seringues.

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La dernière voie, celle de la transmission mère-enfant. Une femme enceinte atteinte de la syphilis peut donc transmettre le microbe à son bébé. Ce qui est responsable chez le bébé d’une forme de syphilis que nous appelons syphilis congénitale. 

Pour revenir à la transmission mère-enfant, il n’y a pas une possibilité lors de la grossesse d’éviter la maladie  au bébé?    

Nous tombons donc dans la question des voies de prévention, en l’occurrence la prévention de la contamination de la mère à l’enfant. Cela m’amène à lancer un appel aux femmes enceintes à faire les analyses demandées lors des consultations prénatales par la sage-femme. Car, parmi elles figure l’analyse du dépistage de la syphilis. Une fois que la syphilis est dépistée chez la femme enceinte lors des consultations prénatales, la procédure de prévention est mise en route.

Un peu plus haut, vous avez affirmé que dans 90% des cas on attrape la syphilis par voie sexuelle. Lorsqu’on dit voie sexuelle, cela renvoie bien entendu au pénis, au vagin, à l’anus, au rectum, à la bouche, bien sûr, parce qu’il y a la fellation?

Absolument.  

Comment se manifeste la syphilis?

Les symptômes de la syphilis sont divisés en trois grands groupes. La première manifestation est l’apparition d’une plaie sur le pénis. Ce qu’on appelle un ulcère. Cette plaie est indolore; ainsi, la personne contaminée a tendance à banaliser cette plaie. Cette plaie traitée ou pas se guérit d’elle-même. Plusieurs semaines plus tard apparaît la deuxième phase de l’évolution de la maladie appelée syphilis secondaire. A ce stade des boutons apparaissent sur le corps du malade. Il s’agit des boutons contenant de l’eau. En plus de ces boutons le malade présente des symptômes tels que la grippe, la fièvre, la fébrilité. Sous traitement ou pas, cette phase cède également la place. Le virus est donc passé dans le sang et tout devient calme. Nous entrons alors dans une phase qu’on appelle la phase tertiaire. Cette étape évolue sur  un long terme. Elle peut être responsable des lésions au niveau des yeux, du cerveau. Nous sommes là déjà au niveau des complications. Voilà un peu les différentes pathologies, mais je voudrais mettre à nouveau l’accent sur l’apparition de plaies au niveau des parties génitales.

C’est une grosse plaie ou elle à l’aire d’une égratignure?      

Ça dépend. La plaie peut être grosse ou non. Elle est propre et indolore donc facilement on peut ne pas y prêter attention.  

Pour lutter contre le VIH/SIDA aujourd’hui, l’un des moyens les plus utilisés c’est le préservatif. Peut-on utiliser le préservatif pour prévenir la syphilis aussi?

Absolument, parce que rappelez-vous, je viens de le dire. L’une des voies de contamination dans 90% des cas, c’est la voie sexuelle. Pour faire un barrage à la pénétration du microbe dans l’organisme, le condom est le moyen le plus efficace. Il évite la maladie à la personne qui est en bonne santé. Le préservatif est à recommander pour se préserver contre la syphilis et toutes les autres infections sexuellement transmissibles (IST). Outre le préservatif,  toutes les autres formes de prévention sont admises à savoir : la fidélité et l’abstinence. Sincèrement, je pense que ce sont deux moyens aussi sur lesquels il faut beaucoup insister. 

En l’absence du traitement de la syphilis, qu’est qui se passe?

Lorsqu’on passe la première étape, la maladie évolue, on passe à la phase secondaire, à la phase tertiaire qui est la phase des complications. Il peut s’agir des complications neurologiques, au niveau des yeux. Souvent, nous voyons des personnes qui ont des problèmes au niveau de la rétine des yeux, on ne sait pas trop pourquoi et si on essaie de pousser les recherches plus en avant, on se rend compte que c’est une syphilis qui était en dessous. La syphilis peut causer la mort, si vous avez des lésions au niveau de votre cerveau, vous aller inéluctablement vers la mort. On peut vivre sans appendice, mais on ne peut pas vivre sans cerveau. La syphilis est une maladie extrêmement grave par rapport à laquelle les gens doivent être bien informés. 

Vous avez dit au début que la syphilis peut se guérir. Est-ce qu’il y a un médicament que les lecteurs peuvent se procurer à la pharmacie pour le traitement sans se rendre à l’hôpital?

Oui il existe des médicaments pour traiter la syphilis. C’est une bactérie qui est en cause, donc pour régler le problème de ces bactéries, il faut des antibiotiques. Je n’indiquerai pas ici le nom d’antibiotiques pour ne pas encourager l’automédication. Mais ce que je conseille, c’est de se rendre à l’hôpital dès que des lésions apparaissent sur votre partie génitale. Le Médecin pourra, après diagnostic, prescrire l’antibiotique s’il s’agit d’une syphilis. Que les gens sachent que la syphilis peut se guérir. Il y a au Bénin aujourd’hui toute la gamme d’antibiotiques pour soigner ce mal.

Nombre de jeunes se conduisent bien, par contre d’autres vivent dans le désordre sexuel. Quel conseillez-vous à cette dernière catégorie de jeunes?

Cette question m’amène à lancer un appel de façon générale à la jeunesse. Nous constatons aujourd’hui avec beaucoup de désolation une débauche sexuelle. Alors le conseil que j’ai à donner aux jeunes Béninois, c’est de s’abstenir. Au cas où l’abstinence nous dépasserait, je conseille la fidélité. Pour le jeune aujourd’hui, il y a beaucoup plus de valeurs importantes, plus primordiales à promouvoir, notamment le travail. La sexualité, «la saint valentin», ils viennent largement après. C’est une valeur absolue pour moi, le travail.

Joël YELOUASSI
Communication sociale/C4D santé

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