Certains ont peut-être été pris de cours, en voyant sur les écrans des chaînes nationales, le pugilat manqué entre les membres de la Fédération béninoise de football (Fbf), mercredi dernier.
Au cours d’une assemblée générale qui devait désigner et installer les membres de la commission électorale qui va conduire les élections d’août prochain, la tension a monté. Parce que le président Anjorin Moucharaf voulait imposer son diktat aux délégués des différents clubs et ligues. Sur nos écrans, on pouvait voir, entre autres, Valère Glèlè (président de l‘As Tonnerre) énervé qui râlait vigoureusement après Clément Adéchian, président de Adjobi (et vice-versa). Alors, la salle de conférence de la Fbf serait devenue un ring en l’espace de quelques minutes, si personne n’était intervenu, et les responsables de clubs et des membres du comité exécutif se seraient roués de coups. Je n’en croyais pas mes yeux, devant un spectacle si déshonorant. Un garçon de 12 ans m’a interpelé, hier matin, après avoir suivi les images: «que s’est-il passé pour que des pères de famille en viennent à se ridiculiser ainsi à la télé».
J’ai fait mine de n’avoir rien entendu, pour ne pas me mettre à défendre l’indéfendable. L’image est désolante à tout point de vue. Mais, cela ne m’étonne guerre, car cette association des ennemis redevenus amis, et consorts, est contre-nature. Ceux qui ont pensé qu’en évinçant certains du groupe, ils feront régner la paix à la Fbf, se sont largement trompés. De plus, cela se passait à Porto-Novo où la cinquième mandature de l’assemblée nationale nous avait déjà servi pareil plat. Soyons sérieux. Ce qui s’est passé, sonne comme la fin de la lune de miel. Ils se sont trop souvent caressés dans le sens du poil, et l’hyper président s’est vu trop beau et libre de faire tout ce qu’il veut, comme, par exemple, dicter à Amoros, au vu et au su de tout le monde, le choix des joueurs. On le sait félin, capable de reverser la situation à force de brandir son protectorat ‘’signé’’ avec un certain Issa Hayatou (président de la Caf). Cela ne va changer en rien le malaise au sein de la famille du football, que certains vendeurs d’illusions ont dit guéri. Les plaies peinent à se cicatriser et, de plus en plus, elles commencent à se rouvrir.
De grâce qu’on ne me traite pas d’oiseau de mauvais augure. Ce n’est pas moi qui ai demandé à ce que les délégués de clubs résistent à leur président. Ce n’est pas moi qui ai demandé à ces responsables d’offrir un tel spectacle. Ce n’est pas moi qui leur ai demandé d’étaler ce qu’on semblait camoufler depuis longtemps, au grand jour. Et ce n’est pas la presse qui leur a demandé cela. Quand on a souvent dîné avec le diable jusqu’à se perdre, on se retrouve à tenter l’ultime geste pour se sauver. Hélas, on a déjà pris assez de plaisir qu’on n’a pas vu le moment où on a tout cédé au diable. Le chemin est balisé pour que le tout-puissant Anjorin brigue un nouveau mandat.
Et au fur et à mesure que les jours nous rapprocheront des élections à la fédération, la fracture va s’accentuer. La bataille pour le contrôle de la commission électorale est enclenchée et sera rude. D’un côté, on a les frères Didavi qui veulent maintenant voir le président passer la main et s’occuper de ses nouvelles fonctions à la Caf. De l’autre, il y a Anjorin, boulimique, qui veut toujours diviser pour régner.
On ose croire que les délégués ont pris enfin conscience de leur mission d’aider la jeunesse à accomplir son rêve: celui de briller dans le football. Et qu’ils ne vont pas la trahir. En tout cas, que la cassure semble consommée, pour le meilleur et pour le pire. C’est le fond de ma pensée.