Le virus de l’hépatite B est 50 à 100 fois plus contagieux que le Vih sida

Le 28 juillet 2013, nous avons célébré comme partout dans le monde la Journée Mondiale contre les Hépatites. La fête fut belle, très belle et fera par son grand éclat date dans les annales de notre Institut et celles du Laboratoire d’analyses bio-médicales DEO-GRATIAS avec lequel nous collaborons. 

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De mémoire d’hommes, cette journée n’a jamais eu par le passé autant de rayonnement et d’intérêt pour les populations. L’événement, puisqu’il en était un, a, bien des jours avant la date de sa célébration, occupé les espaces des grandes organes de presses (radiodiffusion, télévisions, presse écrite) du pays. Des interviews, des émissions passèrent régulièrement sur les antennes de radios et les plateaux de télévisions. Nous avions même eu le grand privilège d’être reçu le jour même de la célébration comme l’invité du Journal « GRAND FORMAT «, le plateau mythique de la télévision CANAL 3. C’était tout simplement beau. Les messages de félicitations, de soutien et d’encouragements venaient de partout. Les réseaux sociaux étaient les plus gros porteurs de ces messages. La grande leçon de cet extraordinaire engouement pour la manifestation est toute simple : les hommes ont besoin d’informations et de savoirs pour se sentir vivre et pour bien vivre.

«  Mon peuple se meurt faute de connaissance » dirait l’autre.

Bien entendu, nous accueillons tout ceci à tête froide. Pas de griserie et pas de grosse tête à se fabriquer devant un tel débordement de tous les gentils sentiments déversés si généreusement sur nous. Ce qui nous anime est plus énorme et plus effrayant. Il s’appelle la PEUR. La peur de décevoir, la peur de ne plus être à la hauteur et surtout la peur de ne pas pouvoir continuer alors qu’on est sur une si bonne voie.

Le clou de la manifestation et il y en a eu un et un très gros, c’est l’opération DEPISTAGE GRATUIT DES HEPATITES B ET C le dimanche 28 juillet 2013, le jour même de l’événement. C’était le bouquet des bouquets. Il faut vivre cela pour comprendre que certaines choses portent en elles-mêmes une magie propre à elles. C’était simplement fou. Le début de l’opération était prévu pour 10 heures mais aussi bizarre que cela puisse paraître déjà à 4 heures du matin certains avaient cru bon de venir faire pied de grue à l’Institut pour être sûrs d’être vite servis. Nous nous attendions à recevoir les populations de Cotonou et peut-être des environs mais on avait vu des gens venir de Djidja, Logozohè, Covè, Aplahoué, Agoué, de presque partout du Sud et Centre Bénin. Une vraie folie ! Incroyable mais vrai ! L’attente était si forte que rien ne pouvait empêcher les gens d’arriver. Les fruits ont été vraiment à la hauteur de la promesse des fleurs. C’était plus qu’une fête.

Les résultats chiffrés que nous venons d’avoir n’ont pas démenti cet air de fête bien au contraire

Au total, l’opération a porté sur 442 personnes presque le double de ce que tous les doctes calculs les plus optimistes nous faisaient espérer. C’est vraiment beaucoup lorsque les choses arrivent en leur temps. Sur le nombre de ces dépistés (442), il y a 322 genres masculins et 120 genres féminins. Près de 3 fois plus de masculins que de féminins. Qu’est-ce que cela signifie ? Vraiment je n’en sais rien. Nous constatons c’est tout. Les prochaines opérations nous permettront peut-être de comprendre. Mais ce qui me réjouit le plus dans cette étude, ce sont les 369 non porteurs du virus B (séro-négatifs) et les 73 porteurs du virus (séro-positifs) pour un effectif total de 442 dépistés.

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Je jubile sérieusement parce que les pourcentages calculés à partir de ces chiffres me donnent 83,48% de séro-négatifs et 16,52% de séro-positifs ce qui confirme parfaitement les 15 à 20% de taux de prévalence que nous donnons depuis des années pour le virus de l’hépatite B dans notre pays. Je jubile et je suis aux anges parce que nous faisons du bon travail et nous avons raison de le faire. Il ne s’agit pas, et vous le savez mieux que moi, d’une auto-consécration et encore moins d’un auto-encensement mais de la pure vérité des faits. Je suis content mais à dire vrai je suis aussi triste. Triste parce que je ne comprends pas tous ces chiffres de taux de prévalence qu’on balance comme cela d’un peu partout dans le pays avec une désinvolture déroutante.

Je ne sais pas si nous nous rendons compte de la gravité de notre faute lorsque des officiels avancent un taux de prévalence de 8% pour l’hépatite B ce qui serait de moitié inférieur à la réalité sur le terrain.

On est dans un pays qui regorge d’hommes et de femmes très intelligents mais qui malheureusement ne prennent rien au sérieux, banalisent tout et finalement mettent en danger la vie de leurs concitoyens dont ils ont la charge.

Quelques repères pour mieux situer la gravité du problème. La zone endémique de l’hépatite B couvre toute l’Afrique sub-saharienne jusqu’en Asie du Sud-Est. Le virus de l’hépatite B est 50 à 100 fois plus contagieux que le VIH SIDA. Les hépatites B et C tuent par an plus de 1 million de personnes dans le monde soit presque autant que le paludisme. Ceux qui disent à mon sujet « lui il ne fait que parler d’hépatites, hépatites, hépatites » ont maintenant des arguments de comprendre s’ils sont honnêtes ou de ne pas comprendre s’ils sont simplement idiots. Car quand on est un humain, il faut apprendre à avoir un cœur humain aimant qui souffre quand il voit son vis-à-vis souffrir. Nul n’a le monopole du bonheur ou du malheur. Aujourd’hui, c’est l’autre qui souffre et demain à qui le tour ?

par Prof. Aziadomè KOGBLEVI

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