VIH – PVV : depuis un an, c’est le statu quo

La 8ème session du Comité national de lutte contre le Sida (Cnls) a lieu probablement en ce mois d’Octobre 2013. Et pour de nouveaux engagements et recommandations, certainement. Au Cnls, c’est apparemment le sentiment d’avoir avancé, concernant la mise en œuvre des conclusions de 2012, alors que les bénéficiaires directs, que sont les personnes vivant avec le Vih (Pvv), notent du surplace et se désolent. 

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«Par rapport aux préparatifs de la 8ème session Cnls, qui va se tenir probablement en octobre, tout est en bonne voie.» Dr Antoinette Assani, Responsable de la Cellule santé au Sp/Cnls, rassure ainsi de la tenue effective de la prochaine session ordinaire du Comité national de lutte contre le Sida (Cnls). Elle ajoute : «La communication en Conseil des ministres est passée et approuvée. Et tout ce qu’on devrait faire pour tenir la session est en train d’être finalisé. Je peux dire que nous sommes presque prêts pour tenir la 8ème session.»

La session va durer deux jours. Et comme à l’accoutumé, ces deux jours de travaux vont déboucher sur de nouveaux engagements et recommandations, pour la suite de la réponse nationale de la lutte contre le Sida au Bénin. A quelques jours  de la prise de ces nouvelles décisions, il est normal de faire le point des conclusions de la session de 2012 et de voir le niveau d’exécution, ainsi que les retombées sur la vie des personnes vivant avec le Vih/Sida (Pvv) qui sont les bénéficiaires principaux.

Les recommandations de la 7ème  session Cnls

La session ordinaire du Cnls du 23 Octobre 2012, au Palais des Congrès de Cotonou, était particulière. C’était la première fois que le Chef de l’Etat, en sa qualité de Président du Cnls, a présidé en personne les travaux de la session, conformément à l’article 2 du décret 2002-278 du 18 juin 2002 créant le Cnls. Le Président a donc signifié son retour, pour la bonne cause de la lutte contre l’épidémie. Il a pris un certain nombre d’engagements, en termes de financement de la lutte, de l’affirmation de son leadership, etc. Douze recommandations ont été formulées. Il s’agit de : «Rendre fonctionnel l’organe de concertation du Cnls, conformément aux articles 6 et 7 du Décret N° 2002-273 du 18 juin 2002» ; «Organiser une réflexion multisectorielle, pour alléger les procédures d’acquisition des intrants (Arv, réactifs…) assortie de décisions concrètes» ; «Réfléchir sur les mécanismes appropriés, pour l’amélioration des taux  de consommation des ressources externes et internes affectées, et la qualité des dépenses effectuées dans le cadre de la lutte contre le Vih et le Sida» ; «Etudier la possibilité d’étendre le système Ramu aux personnes vivant avec le VIH/Sida» ; «Promouvoir et renforcer l’implication du secteur privé» ; «Procéder à un audit institutionnel et organisationnel des structures nationales (Pnls, Sp/Cnls, Cnc) en charge de la riposte au Vih/Sida» ; «Elaborer et mettre en place un plan de renforcement de capacités des ressources humaines en charge de la gestion de la subvention allouée à la lutte» ; «Formaliser l’enseignement sur le Vih/Sida au niveau des enseignements primaire et secondaire» ; «Procéder à un audit de toutes les UFLS, afin de déterminer les moyens nécessaires pour leur fonctionnement» ; «Créer au ministère en charge de la Famille, une ligne budgétaire pour renforcer l’appui nutritionnel et scolaire aux Oev» ; «Mettre en place un comité interministériel, pour réfléchir sur la reprise des travaux de construction du siège du Sp/Cnls» ; «Prendre un décret pour mettre en œuvre la Loi sur le Vih, en son article 8, portant création d’un Fonds national de lutte et d’assistance contre le Sida». Tout ceci, pour mettre le Bénin sur la plateforme des pays modèles dans la lutte contre le Sida.

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Silence sur le niveau d’exécution au Cnls

Pour l’heure, il n’est pas possible d’avoir la moindre information au Cnls, sur le niveau de mise en application de ces recommandations. Pas que ces informations ne sont pas disponibles, mais sous prétexte qu’il y aura une communication à ce propos, lors de la prochaine session, les responsables du Cnls sont fermes sur leur mot d’ordre. «Ne rien dire sur la mise en application des recommandations de la 7ème session avant la tenue de la 8e session». La Secrétaire permanente du Cnls nous l’avait notifié avant notre rencontre avec la responsable de la Cellule santé au Sp/Cnls.  «Non ! Le jour de la 8ème session, vous aurez tout. Ce qui a été fait durant l’année 2012 sera présenté sous forme de communication. Le point de la mise en œuvre des recommandations de la 7ème session aussi sera présenté.» Réponse de Dr Antoinette Assani lors de la rencontre. Néanmoins, ceci n’est pas synonyme de ce qu’il n’y aurait rien, ou pas grand’ chose à exposer, concernant ces recommandations. Des propos de la responsable de la Cellule santé au Sp/Cnls, on perçoit quand même qu’il y a des avancées qu’elle n’a pas voulu confirmer ou infirmer. Aussi, d’autres sources nous informent-elles de l’organisation de réunions et d’ateliers et autres initiatives pour un début d’application de certaines recommandations. C’est le cas entre autres, des audits institutionnels et organisationnels des structures nationales (Pnls, Sp/Cnls, Cnc) en charge de la riposte au Vih/Sida». D’après nos sources, l’audit du CNC confié à  l’agence américaine Grant Mechanism Solutions (GMS) a démarré en avril dernier.

Désolation chez les bénéficiaires

Au niveau des Pvv, il n’y a pas de langue de bois. Les points de vue sont identiques, tant au niveau du Responsable du Réseau béninois des associations de Pvv (RéBAP +), joint au téléphone, qu’au niveau des patients et médiateurs rencontrés sur le site de prise en charge (PEC) du Cnhu, à Cotonou. «Notre situation, à la date d’aujourd’hui, comparée à un an, c’est le statu quo parce que nous sommes toujours confrontés aux mêmes problèmes», affirme notre interlocuteur du Cnhu qui a requis l’anonymat. Ces problèmes, à l’en croire, ont pour nom, l’inexistence de fonds d’indigence pour aider, un tant soit peu, les malades pour leur hospitalisation et pour leur évacuation ; les ruptures répétées, surtout en ce qui concerne les médicaments de deuxième ligne, occasionnant des échecs thérapeutiques ; l’impossibilité parfois de faire des examens inscrits dans le paquet minimum en matière des Normes de prise en charge des Pvv au Bénin ; panne, inexistence ou vétusté d’appareils d’analyse ; mauvais traitement voire non-reconnaissance des conseillers psychosociaux que sont les médiateurs, par l’Etat béninois ; mauvaise prise en charge nutritionnelle ; non-respect des 15% du Budget National, pour pallier aux ruptures d’ARV, etc. Face à tout ceci, le Responsable du Réseau national des associations de Pvv, se demande où se trouve alors l’engagement de l’Etat.

C’est au vu de cette situation qui perdure, que les patients concluent que rien n’a bougé en matière de mise en œuvre des recommandations de la session 2012. Car, en réalité, la finalité de toutes ces actions, devrait être le renforcement de l’efficacité de la réponse nationale à la lutte contre le Sida. Et en ce qui concerne notamment les Pvv, cela devrait conduire à une amélioration des conditions de leur prise en charge. Ce qui n’est pas le cas, à les en croire.  

Aussi, ce point de vu des Pvv se justifierait-t-il visiblement par un déficit voir l’inexistence de stratégie appropriée de communication entre le Sp/Cnls et eux. Car, les Pvv à leur niveau, n’ont aucune connaissance de ces informations que nous avons pu avoir dans les coulisses, sur ce début d’application de certaines recommandations. Or, le savoir, pourrait déjà, jouer beaucoup sur leur psychologie. Un facteur capital dans la lutte contre le Sida.

A la limite, ce qu’ils savent pour l’heure, c’est qu’il y a eu des réunions. Mais ils s’interrogent sur la finalité de ces rencontres et soutiennent qu’il ne s’agit pas de comptabiliser les réunions, ateliers et séminaires, pour estimer qu’il y a eu des actions mais plutôt, d’actions concrètes pouvant booster cette réponse nationale. «Si les recommandations de leurs différentes réunions sont effectivement mises en œuvre, nous devrions ressentir cela. Du mois d’octobre  2012 à ce jour, le président du Réseau a participé à plusieurs réunions, où il a exposé ses points de vue, mais qu’en ont-ils fait ?» se désole l’un des médiateurs rencontrés sur le site de PEC du Cnhu. Il ajoute : «Il ne faut pas que les gens fassent semblant de nous accompagner. On ne veut plus ça. On veut du concret.»

Vivement la 8e session pour qu’on nous dise réellement tout, d’une part. D’autre part, que diligence soit faite, entre cette session et la 9ème, pour que les engagements et recommandations soient respectés et mis en application, avec des effets palpables sur la vie de ces 62.000 Pvv, environ, que compte le Bénin.

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