Prévention de la transmission mère-enfant du Vih au Bénin

La Prévention de la transmission mère-enfant du Vih au Bénin, se trouve être  confrontée à l’éternelle et épineuse question de rupture ou manque de réactifs qui, même si d’autres voix l’ignorent, n’est pas sans conséquences sur la réussite de ce pan de la réponse nationale de lutte contre le Sida.  

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«Je comprends, même à la limite, qu’il y ait manque de médicaments et d’antirétroviraux. Mais jamais, il ne doit avoir rupture ou manque de réactifs.» La responsable de l’Association « Cercle de vie main dans la main » exprime son amertume, concernant la pratique dans la Prévention de la transmission mère-enfant du Vih (Ptme). Paire-éducatrice dans un centre de santé à Cotonou, elle explique sans langue de bois, que la Ptme, démarrée en 2001 au Bénin, est en panne. Et pour cause, le manque de réactifs de dépistage. Ceci, à ses dires, bloque l’ensemble de la Ptme. La Ptme qui, à en croire Valentin Nassara, médiateur sur le site de prise en charge de Bethesda à Cotonou, est un processus. Le dépistage se trouve en amont. Toute femme enceinte en consultation prénatale, doit passer systématiquement le test du Vih. Sans quoi, on ne saurait la mettre sous surveillance, la protéger contre le décès lié au Vih, et aussi protéger l’enfant contre l’infection à Vih, et éventuellement agir contre son décès dû au Vih.

Avec la rupture de réactifs,  «la réduction significative de nouvelles infections au Vih, parmi les enfants, et des décès maternels liés au Sida d’ici 2016», tel que exprimé dans le Plan stratégique national (Psn) de lutte contre les Ist/Vih/Sida 2012-2016, dans son axe stratégique 2, est peu probable.

Des avancées

Rappelons que, dans ce Psn, la Ptme est une priorité, et ce, avec ses quatre composantes que sont la prévention primaire, la prévention des grossesses non-désirées chez les femmes vivant avec le Vih, la prévention de l’infection des mères infectées à leurs enfants, et les soins, le traitement et soutien aux femmes vivant avec le Vih, leurs enfants et leur famille. Mais, tout ceci est entravé, de façon directe ou indirecte, par le manque de réactifs. Un avis que ne partage pas Marie-Joseph Aclassato, Directrice exécutive de l’Abdd, qui ne voit pas la rupture de réactifs comme un frein à tout le processus de la Ptme. Elle reste optimiste sur le fait que la question de rupture pourra être réglée progressivement, surtout avec les plaidoyers.  Elle soutient qu’au Bénin, l’Etat a posé des pas géants dans la Ptme, comparativement à d’autres pays où des femmes infectées sont d’office stérilisées. Alors qu’au Bénin, des dispositions juridiques sont prises pour préserver la femme séropositive, ainsi que son droit au mariage et à la procréation.  Elle sera soutenue dans cet optimisme par Viviane Gbindoun, Sage-femme d’Etat au Centre de santé de Gbégamey, Zone sanitaire 6 à Cotonou. A en croire l’agent de Santé Publique, même s’il y a manque de réactifs dans son centre, cette phase de dépistage n’est pas arrêtée. Pour exemple, ce lundi 18 novembre 2013, le réactif n’était pas disponible, mais le processus continue toujours. En effet, explique la Sage-femme, au titre des analyses, il est demandé à toute femme reçue en consultation prénatale, le test au Vih, dans un autre centre où le réactif est disponible. Ce serait ainsi jusqu’au moment où le centre sera à nouveau approvisionné par le Programme National de Lutte contre le Sida (Pnls). Pour combien de temps encore, elle n’en sait rien.

L’acte fatal de certaines femmes

Certes, il s’agit là d’une méthode pour pallier le manque de réactifs dans un centre de santé, mais elle présente des risques qui sont en majorité des causes d’actes d’inconscience de la part de certaines femmes. D’abord, certaines de ces femmes fuient le dépistage, et ne  retournent plus dans le centre d’origine. Il y a aussi, celles qui, dépistées séropositives, déjouent toute surveillance en changeant de centre de santé. Elles accouchent sans aucune règle propre à leur état de séropositivité, informe la présidente l’Association « Cercle de vie main dans la main » : «Chez nous ici, nous rencontrons ces cas. Il y a même une femme maintenant, que j’ai perdue de vue, et depuis, j’appelle son numéro, ça ne marche plus», témoigne Viviane Gbindoun. Ce problème devient inquiétant. «Le taux  de déperdition des femmes testées séropositives, reste élevé (43,23% en 2009), et 6% des femmes testées séropositives accouchent en absence d’intervention Ptme», lit-on dans le Psn 2012-2016.

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Certes, le nombre de sites offrant le service de la Ptme est en croissance (il est passé de 204 en 2007 à 550 en 2012), mais ceci n’empêche pas ces femmes de “s’échapper“.  Du coup, l’idéal que constitue  l’Elimination de la transmission mère-enfant (Etme) reste un slogan, regrette Valentin Nassara. «Avec la situation, c’est utopique de parler d’Etme», soutient-il. Allusion faite à l’objectif «Zéro nouvelle infection au Vih», la transmission mère-enfant demeure un canal pour de nouveaux cas d’infection, avec le comportement de ces femmes qui ne se soumettent pas au processus.

A ce stade,  une prise de conscience s’impose dans le rang de ces femmes. A en croire Marie-Joseph Aclassato, la femme enceinte a un grand rôle à jouer dans la réussite de la Ptme. C’est elle, soutient la Directrice exécutive de l’Abdd, qui doit déclarer son état sérologique, pour que le suivi soit bien fait, pour éviter la transmission à l’enfant. «Avec tout ce que nous disons aux femmes sur le Vih dans les centres de santé, si une femme choisit de fuir le dépistage, c’est à ses risques et périls. Tant pis pour elle.» Se désole une médiatrice rencontrée ce lundi à la maternité de Bethesda, très irritée contre l’irresponsabilité de ces femmes. Mais, le risque, c’est aussi pour tout le Peuple béninois. A ce sujet, la Directrice de l’Abdd souhaite qu’il y ait des sanctions juridiques à l’encontre de toute femme qui ne se plierait pas à toutes les étapes de la Ptme.

Mais avant d’en arriver là, le Psn recommande toujours la sensibilisation, par des communications pour le changement de comportement sur le Vih/Sida, en direction des adolescents, des jeunes adultes et des femmes en âge de procréer.

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