Sida au Bénin : la prise en charge des enfants n’est pas totalement gratuite

La prise en charge pédiatrique est un volet important de la prise en charge des Personnes vivant avec le Vih (PvVih) et concerne exclusivement les enfants exposés au Vih. Tout comme la prise en charge des adultes, elle est aussi confrontée au problème de rupture et de manque de médicaments. A cela s’ajoute la non-gratuité des consultations pour ces enfants.

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Zéro à 15 ans. Les personnes de cette tranche d’âge, les enfants, constituent une catégorie particulière dans la réponse nationale de lutte contre le Sida. Il s’agit notamment d’enfants nés de mères séropositives, exposés donc au Vih depuis le sein maternel, pendant l’accouchement ou pendant l’allaitement. Ils bénéficient d’une prise en charge pédiatrique qui, comme la prise en charge de toute Personne vivant avec le Vih (PvVih), est un ensemble d’étapes et de procédures.

« La prise en charge pédiatrique, c’est d’abord le diagnostic précoce, la Pcr » confie Docteur Amédée de-Souza, Chef service prise en charge au Programme national de la lutte contre le Sida (Pnls). C’est déjà une particularité entre la prise en charge pédiatrique et celle des adultes PvVih. La «Polymerase chain reaction » (Pcr) est un diagnostic virologique. Docteur Amédée de-Souza explique : « Quand l’enfant naît, on ne peut pas avoir dans son sang, d’antigène. Donc on ne peut pas lui faire un  dépistage sérologique. On fait plutôt la Pcr. C’est à partir de 18 mois qu’on peut faire le dépistage sérologique chez l’enfant ». Avant ces 18 mois, le diagnostic virologique permet de prouver la présence ou non du Vih chez l’enfant. Et de le mettre tôt sous Arv si c’est positif.  D’après le Document de politique, normes et procédures pour la prise en charge des PvVih au Bénin –juillet 2012-, tout enfant chez qui l’infection est prouvée (preuve virologique ou sérologique selon l’âge) ou chez qui il y a une forte présomption clinique, selon les critères définis par l’Oms, quel que soit le pourcentage de Cd4 ou le stade clinique, est éligible au schéma thérapeutique en matière de Sida.

Dans ce document, il est recommandé que la Pcr soit faite à tout enfant né de mère séropositive à 6 semaines ou à la date la plus proche. Et d’après les explications de Nely Fadaïro, infirmière au Cnhu de Cotonou, ce diagnostic précoce est subdivisé en deux étapes qu’elle nous explique. «  A 6 semaines, on fait la Pcr 1. A partir de ce jour, l’enfant vient en consultation chaque mois jusqu’à 9 mois. On lui fait la Pcr 2. Si c’est négatif, la consultation devient trimestrielle jusqu’à 18 mois et on réalise la sérologie. Mais si la Pcr 2 est positive, on demande les bilans. Et l’enfant est mis sous Arv.»   

Faute de réactif, la Pcr n’est pas toujours réalisée  

Cette première étape de la prise en charge pédiatrique est parfois brûlée à en croire Nely Fadaïro. Et pour cause, les réactifs pour le faire ne sont pas toujours disponibles. Et quand la situation se présente, au lieu de la Prc1, c’est plutôt la Prc 2 qui est faite. Et parfois, avoue-t-elle, c’est la sérologie qui est faite entre 6 semaines et 9 mois. Seulement, elle précise : « Les résultats de la sérologie à cet âge, ne sont pas toujours fiables. Car c’est toujours l’anticorps de la maman qui est en jeu. C’est pourquoi, les résultats ne sont pas donnés aux parents, à cette étape ». «La sérologie Vih n’a une valeur diagnostique qu’â partir de 18 mois » lit-on dans le Document politique, normes et procédures pour la prise en charge des PvVih au Bénin.

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Cette étape est également confrontée au manque de médicament dont le Batrim sirop administré à l’enfant à partir de 6 semaines, après la Prc 1. Et en cas de manque, les parents sont orientés vers d’autres centres pour s’en procurer cette fois-ci. Ce qui fausse la gratuité de la prise en charge des Pvvih.

« La prise en charge des enfants n’est pas totalement gratuite » confie Constant Migan, médiateur sur le site du Cnhu. Outre l’achat du Batrim quand ce n’est pas disponible sur le site, l’autre chose qui n’est pas gratuite, c’est la consultation des enfants séropositifs au Cnhu alors que chez les adultes ou au centre de prise en charge (Cipec), elle est gratuite. «Vous amenez l’enfant à la consultation chaque 6 mois à raison de 5.000 F Cfa par consultation. » témoigne la responsable de l’Association Cercle de vie main dans la main. Elle est mère d’une fille PvVih âgée de 11 ans. Même témoignage reçu auprès d’une femme séropositive et mère d’une fille venue au Cnhu le vendredi 22 novembre 2013 pour la sérologie pour son enfant qui fermait les 18 mois ce vendredi. A la consultation gratuite, bien qu’avouant que tout va bien sur ce site du Cnhu, elle ajoute quand même que le lait et la farine ne sont pas toujours disponibles. Ceci, à en croire la responsable de l’Association Cercle de vie main dans la main est dû au fait que le Cnhu ne dispose pas d’un magasin pour la prise en charge nutritionnelle contrairement à d’autres centres.

Rappelons que, dans un entretien, il y a quelques semaines avec des responsables du Pnls, le Coordonnateur adjoint, Dr Ali Imorou Bah Chabi, a rassuré de ce que les dispositions sont désormais en train d’être prises pour éviter les ruptures de réactifs et de médicaments.

«La prise en charge pédiatrique commence par la Ptme»

En réalité, en amont à tout le processus de prise en charge pédiatrique se trouve la Prévention de la transmission mère-enfant du Vih (Ptme). «Mieux vaut prévenir que guérir » dit-on. « Si la maman fait bien la Ptme, suit bien le traitement, l‘enfant a plus de chance d’être épargné de l’infection au Vih» souligne Nely Fadaïro. «Il est rare qu’une maman suit la Ptme et accouche d’un enfant séropositif.» ajoute l’infirmière. «Si tu suis bien le traitement, ton enfant n’aura rien. » témoigne la mère de cette fille de 18 mois venue en consultation pour la sérologie ce vendredi 22 novembre 2013 au Cnhu. Cette mère se réjouit de ce que, sa fille est testée négative, du moins, d’après les tests faits jusqu’à ce jour. «Ça me fait plaisir d’avoir accouché d’une fille négative. Mon souhait est qu’elle ne paye pas mes erreurs. Dieu a exaucé ma prière. Mais c’est parce que moi-même, j’ai suivi tout le processus.»

Au cas où une mère suit ce processus Ptme et que son bébé est positif, Nely Fadaïro se demande si la maman prenait effectivement les médicaments une fois arrivée chez elle, et ce, selon les heures et les doses. Elle nous raconte le cas d’une dame qui s’est conformée à la Ptme mais dont l’enfant a été dépisté positif. «Entre temps, elle a eu une infection qui n’a pas été bien traitée. Pas parce que les médecins n’ont pas fait leur travail mais parce cette dame a forcé pour rentrer chez elle alors qu’elle était hospitalisée. A l’heure de l’accouchement, elle a rompu la membrane à la maison.» Nous a raconté l’infirmière. A l’en croire, quand la femme enceinte rompt  la membrane à la maison, le Vih a le temps de remonter et d’atteindre le bébé même si la maman avait suivi la Ptme jusque-là. Mais dans un centre de santé, des dispositions dites protocoles Ptme sont prises pour préserver l’enfant.

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