Confronté à une chute abyssale de sa côte de popularité, le président Talon sort son arsenal de propagande, fait de déplacements et de rencontres à la Marina. La toute dernière avec les propriétaires terriens de Glo-Djigbé, restera longtemps dans les mémoires. Tant dans le format que dans le contenu en effet, la rencontre a fait rappeler son prédécesseur dont il dit incarner pourtant la rupture dans sa gouvernance.
La fronde sociale et la contestation populaire amènent Patrice Talon à changer d’habitudes. Alors qu’il s’accoutumait à une présidence paisible et discrète, caractérisée par une quasi absence du terrain, une rareté sous les feux de la rampe et un silence suspect sur toutes ses actions, le chef de l’Etat a semblé changer de management politique depuis quelques jours. On a multiplié à tout vent ses sorties. Tantôt à Abomey pour rencontrer les dignitaires et les têtes couronnées du plateau d’Abomey, tantôt chez les prélats de la conférence épiscopale du Bénin ou à Akpakpa Dodomè sur les sites du projet de protection de la côte à l’ouest de Cotonou… Ici, il a pris un bain de foule pour jauger sa côte de popularité.
Hormis les sorties, le chef de l’Etat aussi reçoit beaucoup à la Marina. On l’a ainsi vu à l’œuvre devant les syndicalistes du port, de la santé, les Secrétaires généraux des centrales syndicales, des imams de la conférence islamique du Bénin, et enfin devant les populations venues de Glo-Djigbé. Cette dernière rencontre a tout l’air d’une propagande. Sur l’opportunité d’abord, la rencontre intervient quelques jours après la fronde des populations qui protestaient contre les frais de dédommagement dérisoires imposés à eux par le gouvernement. On se rappelle bien que cette fronde avait été réprimée violemment par la police républicaine. Si l’objectif est d’expliquer le bien fondé de son projet, le chef de l’Etat aurait convoqué cette rencontre plus tôt, bien avant le démarrage des opérations de dédommagement. Certes, bien qu’il ait affirmé à la fin que c’est pour remercier les gens, cette rencontre a donné du président de la république l’impression de quelqu’un qui joue au ‘’président après la mort’’. Car, au moment où la rencontre se tenait, l’accalmie était déjà revenue à Glo-Djigbé où beaucoup de gens avaient commencé à prendre des ristournes dérisoires.
Propagande de service…
Le président Patrice Talon a plutôt donné dans la propagande, toute chose qu’il avait refusé au début de son quinquennat. Le déroulé de la rencontre tout autant que le contenu du message, prouvent d’ailleurs à suffisance que le chef de l’Etat a désormais opté pour le populisme. Le premier indice est le recours fréquent au Fon -langue majoritaire du sud Bénin-, dans son speech. Si cette nouveauté permet de donner un plus grand écho à ce message, elle porte néanmoins une faiblesse. Celle de montrer un chef d’Etat qui, dans un souci de remonter sa côte de popularité, viole une vieille pratique républicaine. En effet, depuis plusieurs décennies, aucun président ne s’est hasardé à converser dans une langue vernaculaire lorsqu’il est dans la posture du président de la république incarnant l’unité nationale.
Le second indice c’est bien l’excès de ‘’coq à l’âne’’, noté dans le discours présidentiel. Au lieu de parler uniquement de l’aéroport de Glo Djigbé, on a entendu Talon basculer pour parler de l’opportunité du Ravip, ou encore de sa fortune. Il s’est aussi donné l’occasion de répondre à deux détracteurs que sont Candide Azannaï et Boni Yayi. Ce faisant, le chef de l’Etat tombe dans les mêmes travers, les mêmes erreurs que Boni Yayi, qui convoquait fréquemment à la Marina des corps constitués de la nation et en profitait pour régler des comptes politiques. Le troisième indice est l’hyper médiatisation des sorties de Talon. L’Ortb comme au temps de Yayi, diffuse plusieurs fois l’intégralité de ces rencontres. Face aux réalités du pouvoir, Talon change et abandonne ses principes de départ. Les concours frauduleux qu’on a vus sous Yayi reviennent, ainsi que le culte de la personnalité. La rupture dans son ensemble se mue en changement. Mais au fond, quoi de plus normal vu qu’on se doutait bien que ces deux concept sont des enfants d’une même mère.
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