« Victor, l’hypothèse de base de ma propre compréhension du modèle de gouvernance talon ne tiendrait plus s’il ne modifiait que l’article 56 comme le propose JB Elias ou même décide de faire recours à l’article 68 et 69 que tu lui suggères. Talon n’est pas dans la politique de l’apaisement. Il est dans la logique de renforcement de l’autorité de l’Etat, donc de l’exécutif, quel qu’en soit le prix politique.
Il est dans le schéma Erdogan et rêve d’avoir la haute main sur la vie sociale, politique et économique du Bénin comme Kagamé, son modèle discret, au Rwanda. S’il réussit ce tour de passe passe le 28 avril, il renforce de façon absolue et « légal » mais illibérale le contrôle de l’exécutif sur la politique de développement. C’est son obsession. Cela lui permettra de piloter ses réformes comme il l’entend.
En clair, la démocratie béninoise est à rude épreuve. Elle apprendra qu’il n’y a jamais d’acquis. Et que Talon est un défi pour elle, en même temps que l’état des libertés publiques (« trop de libertés publiques sans impact sur la situation économique ») y est également perçu comme un défi par Talon. Ce dernier entend apparemment faire bouger cette démocratie dans un sens qui lui est favorable sans oublier ses propres intérêts. C’est dans cette confrontation des idéaux que se construisent les vraies démocraties. Ce sont les alchimies politiques de la promesse d’émergence, version béninoise. »
Professeur Francis Akindes est professeur titulaire de sociologie à l’université de Bouake Côte d’Ivoire
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