S’il était encore en vie, le général Mathieu Kérékou serait entrain de commémorer ce jour le 47è anniversaire de son arrivée au pouvoir. Mais aujourd’hui, 4 ans après sa mort, il doit être entrain de se retourner dans sa tombe à Natitingou en voyant l’Etat qu’il a servi tout le temps et son chef demander qu’on sorte ses effets et quelques uns de ses enfants à la rue.
C’est sans doute la nouvelle saison de la vendetta politique en vogue au Bénin depuis 2016. Une sommation d’huissier demandant aux héritiers du général Kérékou de déguerpir sa résidence des Filaos de ses effets le 19 septembre 2019. Le caractère inhumain et brutal de cet acte illustre aussi bien un certain mépris pour l’illustre disparu qu’une banalisation de l’histoire politique du Bénin. Et lorsqu’on en parle, plusieurs Béninois irrités n’en sont pas pour autant surpris par la posture du gouvernement.
« Ah ! C’est le tour de Kérékou ? On ne pouvait s’attendre qu’à cela à voir le traitement réservé à tous les anciens présidents. S’il était vivant, il aurait eu pour son compte », fulmine un observateur averti de la vie politique nationale. Plusieurs béninois y voient les actes d’un régime en quête permanente de conflit et de poche de frustration qu’il s’occupe après à gérer pour faire oublier les vrais problèmes . Une posture qui banalise et méprise tout : valeurs et symbôles.
Boni Yayi humilié
Pas un ancien président qui n’ait reçu son lot d’humiliation. Boni Yayi persécuté, accusé et poursuivi devant les tribunaux, enfermé dans sa propre maison pendant deux mois puis difficilement laissé libre pour aller se soigner après une forte pression internationale. A chaque fois que le pouvoir en a l’opportunité, il ne manque aucune occasion pour l’humilier.
Quid du Président Soglo
Fortune presque identique pour le président Soglo lui aussi. Son parti, la Rb, a d’abord été fractionné puis remis en pièces détachées à ses meilleurs ennemis politiques du moment, tous sortis du parti puis retournés contre lui. Son fils et héritier politique Lehady est aussi persécuté. Débarqué de la tête de la mairie de Cotonou pour supposée mauvaise gestion, il a évité de justesse son arrestation en s’évadant. Le président Soglo lui-même a été vilipendé et présenté comme un profiteur illégal des avantages d’ancien président.
Effacer Kérékou de la conscience collective
Avec un tel tableau, il est difficile de croire à autre chose qu’une opération d’humiliation de la mémoire du président Kérékou et de son effacement de la conscience collective quatre seulement après son décès. Une sommation de déguerpissement adressée aux fils du général Kérékou alors qu’ils ont entrepris maintes démarches pour amener le gouvernement à revenir sur sa décision apparaît donc comme une provocation. Cette sommation vient renchérir une lettre du Directeur du cabinet militaire du chef de l’Etat adressé à Montan Kérékou, pris ès qualité du représentant des enfants Kérékou.
Tout a été fait pour humilier mais surtout de façon méchante. Le général Mathieu Kérékou n’a pas une autre résidence connue à Cotonou. Et certains de ses enfants, en l’occurrence trois y vivent en permanence dans cette résidence. En dehors des effets de l’ex-président, trois enfants et leurs familles peuvent se retrouver sans abri à la rue à cause de la seule volonté du gouvernement. Ce n’est ni plus, ni moins qu’un plan d’humiliation de la famille. Effacer Kérékou de la mémoire collective
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