Le président de la République du Bénin, Patrice Talon, rencontre des partis politiques de son pays le 10 octobre prochain. Il avait promis convier toute la classe politique au dialogue, suite aux douloureuses élections législatives d’exclusion organisées par son régime le 28 avril 2019. Mais à y voir de près, cette initiative du 10 octobre porte aussi le sceau de l’exclusion qui a été à la base de la crise électorale.
Huit partis politiques du Bénin sont conviés au dialogue le 10 octobre 2019. Ils sont: Union progressiste (Up), Bloc républicain (Br), Union démocratique pour un Bénin nouveau (Udbn), Parti du renouveau démocratique (Prd), Dynamique unitaire pour la démocratie (Dud), Force cauris pour le développement du Bénin (Fcbd), Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin) et Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe).
Il est annoncé que ce sera ce dialogue avec l’ensemble de la classe politique promis par le président Talon après les élections législatives du 28 avril 2019 où seuls l’Union progressiste (Up) et le Bloc républicain (Br) acquis à sa cause ont été autorisés à y participer et ont pris finalement la composition entière du nouveau parlement béninois.
La marque du régime Talon
Cette exclusion des autres partis politiques a engendré une crise profonde avec de lourdes conséquences matérielles, humaines, sociales, économiques … au point où le président de la République a promis rencontrer toute la classe politique. « Conscient que nul ne devra manquer au chantier de construction de notre pays, j’inviterai très prochainement toute la classe politique pour des échanges directs, francs et constructifs au profit de notre bien commun, le Bénin », a-t-il promis le 20 mai 2019.
Il a déjà eu une rencontre le 15 juillet 2019 au Palais de la Marina avec les partis politiques qui ont fait la demande pour leur statut juridique et qui à cette date n’avaient pas encore eu leur récépissé ou leur certificat de conformité. Il était précisé et abondamment relayé que ce n’était pas encore ce dialogue promis. Mais maintenant que ça y est, le chef de l’Etat a encore choisi son camp avant la rencontre.
On dirait que l’exclusion est la marque du régime Talon et que le prince n’entend pas du tout y renoncer. Ce qui s’annonce pour le 10 octobre est encore un autre épisode d’exclusion. Pour preuve, tous les partis politiques ne sont pas invités. Entre autres, l’Union sociale libérale (Usl) et Restaurer l’espoir (Re). Seules les formations politiques qui ont obtenu le récépissé ou le certificat de conformité à la loi n°2018-23 portant Charte des partis politiques en République du Bénin seront admises à la table de dialogue qu’on avait pourtant garanti pour toute la classe politique.
Vers la lecture d’autres versets de l’évangile selon St Patrice de Talon
La pièce de conformité à cette charte demeure la carte sur laquelle Patrice Talon joue encore. Quel dialogue veut-il et quelle crise veut-il régler en fixant toujours ce critère de participation. Le nœud de la crise a été cette pièce. Et si un camp –celui qui a le pouvoir- ne veut visiblement discuter qu’avec ceux qui ont ce document, pour ne pas dire ceux à qui il a voulu le donner, c’est qu’il n’y aura jamais un dialogue inclusif avec l’ensemble de la classe politique. Ce 10 octobre justifie peut-être ce récépissé jeté aux Fcbe et qui crée la divergence en leur sein.
Dialogue politique au Bénin : Talon rencontre huit partis politiques le 10 octobre prochain
Si le président Talon doit échanger rien qu’avec ceux qui ont accepté de se plier à ses exigences, où est lui-même son ouverture d’esprit? Où est le sacrifice que consent le Chef de l’Etat lui-même lorsqu’il doit fixer et rester ferme sur ses conditions du dialogue ? La logique dans laquelle évolue le pouvoir en place est telle que toutes les conditions posées par certains partis politiques de l’opposition doivent être balayées de revers de main mais celles du prince doivent être respectées à la lettre.
Apparemment, le chef de l’Etat béninois est toujours dans un rapport maître-élève. Avec cette option encore d’exclusion de certains partis, le 10 octobre n’augure rien d’un dialogue sérieux pour la résolution d’une crise. Peut-être comme d’habitude, une comédie d’échanges sous « la rupture ». Le commandant revient ‘’ tancer ’’ la classe politique et imposer ses nouvelles directives avec l’assurance qu’il a le monopole de tout. C’est fait à dessein.
Laisser un commentaire