Prudentienne Gbaguidi à propos de la santé du livre au Bénin : « On ne sent pas encore la lecture plaisir »

La directrice de la librairie Notre Dame de Cotonou est restée sur sa faim en ce qui concerne la lecture au Bénin. Selon Prudentienne Gbaguidi qui a présidé mardi 26 novembre 2019, la cérémonie officielle de lancement de la 15ème édition  de la Caravane du livre au Bénin, on ne sent pas une ruée volontaire des lecteurs vers les livres.

« La santé du livre au Bénin n’est plus en agonie mais on ne sent pas encore la lecture plaisir. C’est toujours le prescrit qui prend le devant ». C’est à travers ces mots que la directrice de la librairie Notre Dame et présidente de l’Association des libraires professionnels du Bénin, Prudentienne Gbaguidi, a fait connaître son opinion sur la santé du livre au Bénin.

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Selon elle, en dépit de la floraison d’écrivains et de maisons d’édition dans le pays, le lecteur, au Bénin, n’a toujours pas cette habitude de se diriger volontairement et spontanément vers un livre. Il va vers un livre seulement quand c’est au programme ou quand on le lui a prescrit. Pour Prudentienne Gbaguidi, le défi qui reste maintenant à relever est d’inverser la tendance afin d’amener le lecteur à aller volontairement vers un livre.

Donner l’envie aux Béninois de prendre un livre de son choix et de le lire

D’après la présidente de l’Alpb, c’est surtout la nouvelle génération qui se désintéresse de la lecture. « Entre-temps, il y a une génération qui presque chaque semaine se rendait à la librairie, faisait le tour des rayons et déboursait pour acheter des livres de valeur et les lire. Cette génération est en train de partir. Mais la nouvelle génération, on ne la sent pas encore dans les librairies », explique Prudentienne Gbaguidi.

Bénin: L’édition 2019 de la caravane du livre et de la lecture officiellement lancée 

La cause selon elle, est l’absence de formation à la base. « Dès que l’enfant grandit et demande des choses, on lui offre des jouets et autres. Si en tant que parents nous prenons dès la base l’habitude d’amener chaque soir, chaque semaine ou chaque mois un livre à la maison et de déposer sur la table, vous allez voir. Les enfants vont commencer par lire », poursuit-elle. A son avis, il faut, avant d’incriminer l’Etat, que les parents aient l’habitude d’aller dans les librairies, d’y inscrire les enfants pour les amener vers les livres.

Nécessité d’un politique du livre

Toutefois d’après la libraire, l’Etat aussi a un rôle à jouer pour amener les Béninois aux livres. « Il faudrait que l’Etat aussi essaie de rénover les centres de lectures et de créer d’autres bibliothèques car nous constatons que la plupart des bibliothèques qui existent dans le pays sont des bibliothèques privées », soutient-elle.

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A son avis, l’Etat doit également avoir un politique du livre. « On a beau avoir des textes mais dans la pratique, on constate que le livre est toujours le parent pauvre. On a une direction des arts et du livre mais il n’y a pas les moyens pour mener des activités. On a programmé un salon du livre qui devait être organisé depuis. Le ministre a lancé ce salon depuis mars mais ce n’est qu’en décembre maintenant qu’on veut rattraper les pots cassées », déplore-t-elle appelant également les acteurs de la chaîne du livre à s’unir autour de la chose tout en respectant chacun, son domaine.

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