Ce qui suit est du vécu. J’ai fait l’aller-retour Cotonou Lokossa mercredi dernier pour un voyage qui aurait dû me conduire jusqu’au nord. Une seule image frappe le voyageur que je suis, confortablement assis derrière mon chauffeur: le bleu de Talon est déployé partout. Arrivé à Lokossa, j’ai imaginé que la même scène devrait se prolonger jusqu’à Malanville à l’extrême nord de notre pays s’étirant, telle une bande de terre, de l’océan Atlantique aux confins du Sahel. Alors, l’idée de continuer mon voyage au-delà de Lokossa rien que pour confirmer mon impression ne m’a plus traversé l’esprit, dès lors que je fus informé qu’un si long voyage n’était pas recommandé en cette période de fêtes pascales.
Bref, de Cotonou à Pahou, on peut apercevoir quelques affiches de Djimba-Hounkpè et Kohoué-Agossa. Mais c’est tout. Même pas à Ouidah. Il faut aller jusqu’à Comé pour apercevoir des affichettes format A3 des deux duos d’accompagnateurs désignés pour les besoins de la cause :Djimba et Kohoué, trop petites pour être visibles et bien noyées dans la flopée Bleu-Soleil Talon-Talata.
Puis, quand je prolonge ma route, rares sont les villages traversés, de Comé à Lokossa, qui ont des affiches de Djimba ou Kohoué. J’imagine alors une bande ou un long tube qui part de Comé à Lokossa uniquement coloré de bleu. Quand nous roulions, mon chauffeur et moi, sur la voie goudronnée, j’ai pensé à un photographe pour matérialiser la réalité par la prise d’images miniatures du pays actuellement, un pays à une seule TRAME, un pays UNICOLORE.
Au ralenti, j’ai vu et observé quelques scènes qui sont autant de baromètre de la situation du pays : c’est l’indifférence totale des riverains ou des piétons et voyageurs :- A Drè-Oumako, une agglomération entre Comé et Sè, un paysan allant au champ, houe et coupe-coupe à la main et longeant la route goudronnée, s’approche d’une grande affiche de Talon, regarde et secoue la tête un long moment. Un geste qui pourrait signifier, soit qu’on n’approuve pas quelque chose qui se passe sous nos yeux ou qu’on ne s’en soucie guère…..- Rares sont les véhicules circulant sur le goudron qui arborent les logos Talon, Djimba et Kohoue. C’est le signe manifeste d’un désaccord à l’échelle du pays. Le phénomène est d’ailleurs bien visible dans Cotonou et toute la Région du Grand Nokoué où on ne voit pas circuler plus de 2 voitures sur 100 aux couleurs de Talon, Djimba ou Kohoué contrairement au paysage arc-en-ciel du temps où les élections étaient inclusives.
Alors, je me suis dit dans mon for intérieur que l’indifférence des populations peut être un danger pour le Président et qu’il devrait s’en inquiéter. Qu’il rebrousserait chemin en arrêtant le processus. Mais ça ne semble pas être le cas.
De retour de Lokossa, ma voiture croise Talon et son cortègesur l’un des deux ponts érigés sur le lac Ahémé au niveau de Guézin-Agbanto. La sécurité nous contraint à parquer manu militari sur le bas-côté et une longue file de véhicules se forme. La nouvelle, le cortège du candidat Talon s’est arrêté quelques minutes pour saluer une petite foule amenée par les dignitaires de la localité pour chanter et danser. Et là aussi, j’ai été étonné de faire deux constats :
D’abord, Contrairement à ce qui se passait dans notre pays depuis le temps des Apithy, Maga, Ahomadégbé, de 1960 et jusqu’en 2016, aucune voiture de notre longue file d’attente n’a fait entendre des klaxons en signe de solidarité et de fête de campagne électorale conviviale. C’était l’époque où les élections étaient véritablement inclusives. Tous les occupants des voitures sont restés comme scotchés à l’intérieur, silencieux, et piaffant visiblement d’impatience que le célèbre cortège libère la voie.
Le deuxième constat a trait aux comportements des riverains et des passants. Aucun d’eux ne daignait s’arrêter longuement et même jeter un regard vers la voiture rutilante du Timonierni applaudir le spectacle offert par les danseurs, occupés qu’ils étaient à chercher leur chemin sur cette route devenue trop étroite. La mine renfrognée, les gens passaient tranquillement leur chemin, dans l’indifférence générale.
Bien sûr, quelques individus sortis de la petite troupe de chanteurs et danseurs lançaient timidement des slogans tels que « Talon 10 ans, Talon alotoé die… » en s’adressant aux occupants des voitures en file d’attente. Mais, personne de l’intérieur des voitures ne renvoyait ‘’la balle’’ comme on enavait l’habitude dans le pays du temps des élections vraimentinclusives.
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