Dans un climat de paupérisation généralisée doublé d’une crise sanitaire à peine maîtrisée, les Béninois devront faire face à de nouvelles mesures fiscales. Dans ce cas est ce que l’espoir d’un lendemain meilleur est il permis ? C’est du haut de la tribune du stade omnisport de Parakou un jour de novembre 2016, que le nouvel homme fort du Bénin Patrice Talon fraîchement élu haut les mains, déclarait devant une immense foule ceci :
« Je veux simplement dire que j’ai besoin de votre mobilisation, j’ai besoin que mes compatriotes soient déterminés pour serrer la ceinture afin qu’on parvienne rapidement à résoudre les problème d’insuffisance en toute chose. Nous allons construire le pays. Vous allez commencer à voir les effets bientôt mais, au même moment, il sera nécessaire de serrer la ceinture ». Une clameur avait accueilli ses propos et les militants applaudissaient à tout rompre.
Dans l’euphorie générale personne n’avait vraiment compris tous les sens de ces trois phrases et leur portée dans la vie des Béninois, les années à venir. Personne n’avait compris que celles-ci étaient des signes prémonitoires d’une longue galère qui continue toujours. Et si quelques années plus tard, le président Talon a revu le fond de sa pensée et relativisé ses propos en parlant plutôt « d’une façon élégante et respectueuse de dire à ceux qui volaient de ne plus voler », le constat est toujours le même : une paupérisation généralisée. Les prix des denrées alimentaires sur les marchés sont hors de portée en même temps, le pouvoir d’achat s’amenuise.
Quant à celui de l’électricité et du gaz il s’est tout simplement envolé. Les 500.000 emplois promis au début du premier quinquennat sont de lointains souvenirs. La construction de l’aéroport de Glo-Djigbé considéré comme l’un des 15 grands chantiers de la Rupture est reportée aux calendes grecques. Dans les hôpitaux, les plateaux techniques sont toujours désuets. Peu de salles de classe sont construites et la plupart sont dépourvues d’enseignants.
On note tout de même quelques éclaircies notamment le projet asphaltage qui a permis de bitumer les rues des grandes villes, la construction de marchés et d’infrastructures sportives. Dans le même registre, on peut ajouter la production du coton dont notre pays a pris la première place en Afrique. Certes des institutions internationales applaudissent les « prouesses économiques » obtenues par le gouvernement. Mais aujourd’hui, avec le rejet par la Banque mondiale, des rapports de l’Ong Doing Business des années 2018 à 2020 (lire ici) qui avaient surclassé le Bénin, on peut se poser des questions sur les résultats de la progression économique de notre pays. Seuls les Béninois peuvent apprécier leurs conditions de vie.
Incertitudes du lendemain
Plusieurs de nos compatriotes pensaient mieux respirer avec la volonté affichée du président Patrice Talon lors de sa seconde prestation de serment. Celui-ci, comme à Parakou en 2016, avait tenu un discours rassurant emprunt d’espoir. Il a placé son second quinquennat sous le signe « hautement social ». Mais, force est de constater qu’il n’en est rien pour le moment. Les citoyens devront ajouter un énième trou à leur ceinture. Car, outre les nombreuses mesures fiscales dont ils peinent déjà à s’acquitter, viennent s’ajouter 25 autres prévues dans la loi des finances publiques 2022. Elles concernent l’exercice des activités dans divers secteurs de la vie professionnelle. Des taxes sur les ferrailles et ses dérivés jusqu’aux transferts d’argent des opérateurs de GSM et des funérailles. En d’autres termes, tout le monde doit mettre la main dans une poche déjà trouée après cinq années de serrage de ceinture. Même le vendeur de cercueils et le croque-mort.
Les interventions du gouvernement sur les médias n’ont pas réussi à calmer les populations. Pas plus que l’annonce de l’augmentation des salaires des fonctionnaires. D’autres mesures ont été prises par le gouvernement dans le but de calmer les tensions qui couvent au sein des populations. Les syndicats sont d’ailleurs vent debout et menacent de descendre dans la rue les prochains jours sans aucune certitude d’avoir une autorisation. Le bout du tunnel est encore loin. Les déclarations d’intention et les discours ne suffisent plus. Pour que Patrice Talon puisse être porté en triomphe comme lui-même l’a prédit, le gouvernement doit mettre les bouchées doubles.
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