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Bénin : Soglo – Yayi, bientôt la réconciliation ?

C’est peu dire que l’ex-président Nicéphore Soglo est en froid aujourd’hui avec l’ancien Président Boni Yayi. Les deux hommes ne se sont pas vus depuis le 18 septembre, dernière date à laquelle le second est allé présenter ses condoléances au premier suite au décès de Mme Rosine Vieyra Soglo. Depuis ce jour, ils ne communiquent que par médias interposés. En réalité, les relations Soglo-Yayi n’ont pas été un long fleuve tranquille. Au fil du temps, elles ont évolué en dents de scie pour se détériorer une fois de plus.

C’est d’abord en tant que membre de la cellule macroéconomique de la présidence de la République en 1992 au moment où Nicéphore Soglo était aux manettes, qu’il a rencontré le docteur en économie Thomas Boni Yayi. Après quelques années de bons et loyaux services, le président Soglo décide d’envoyer son collaborateur au Togo pour occuper le poste de président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Poste qu’il gardera jusqu’à sa démission et son élection à la magistrature suprême de notre pays en 2006. Entre-temps, le président Soglo ayant perdu le pouvoir après deux vaines tentatives contre feu général Mathieu Kérékou s’est résigné à rester dans son coin frappé par le critère d’âge de 70 ans imposé par la Constitution du 11 décembre 1990.

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On pensait que les deux anciens collaborateurs allaient se mettre ensemble pour diriger le pays. Quelle ne fut la surprise des Béninois de les voir se brouiller. Pendant ses deux mandats à la tête de l’État, le président Yayi n’a de cesse d’affronter son ancien « patron » sur le plan politique. On se souvient encore de la violente répression de la marche de protestation que le couple Soglo et les militants du parti la Renaissance du Bénin (RB) voulaient organiser contre le pouvoir. Ils avaient reçu des gaz lacrymogènes et le couple n’a eu son salut qu’en se réfugiant au siège du parti. Les relations entre les deux hommes vont rester tendues jusqu’à l’avènement de la Rupture et l’élection du président Patrice Talon.

Malgré eux, ils s’octroient un gentlemen’s agreement, un pacte de non agression, le nouveau venu à la tête du pays n’étant pas un inconnu à leurs yeux. Ils avaient fait ami-ami avec Talon à des époques différentes. Certaines indiscrétions affirment que Talon a fait fortune dans le coton grâce au président Nicéphore Soglo. Quant à Boni Yayi, ces mêmes informateurs, ajoutent qu’il a gagné les deux élections présidentielles pour lesquelles il était candidat grâce au soutien financier de Patrice Talon. Cependant, ils vont se brouiller avant la fin de son second mandat à cause des dossiers de tentative d’emprisonnement et de coup d’état.

La pomme de discorde

Malgré le soutien affiché par le couple Soglo à l’élection du président Patrice Talon en avril 2016 celui-ci ne sera pas tendre avec eux. La pomme de discorde sera l’éviction de leur fils Lehady à la tête de la mairie de Cotonou puis sa condamnation à 10 ans de prison ferme pour des faits d’abus de fonction. Boni Yayi sera quand à lui, séquestré pendant 52 jours sans possibilité de sortir de chez lui, officiellement les autorités avaient affirmé que le dispositif déployé autour de la résidence de l’ex-chef d’Etat était une mesure de sécurité. Leur opposition à la gouvernance à l’avènement de la Rupture va renforcer les liens de ces deux hommes incontournables de la scène politique béninoise dans une union sacrée contre le régime du nouveau départ. Dès lors, l’un ne prendra de décision sans consulter l’autre et toute l’opposition au régime de la Rupture se réunira autour de ces deux hommes. Mais la rencontre entre le président Patrice Talon et son ancien « copain » Boni Yayi le 22 septembre 2021 au Palais de République soit cinq jours après celle entre Yayi et Soglo viendra mettre le feu aux poudres.

Les bons offices de Obasanjo attendus

«  Je ne peux pas raconter des conneries. Sinon je vais balancer tout. Qui veut tromper qui ? » Ainsi répondait Nicéphore Soglo au détour d’une question posée par un journaliste sur son accord donné ou non à Boni Yayi pour cette rencontre. Le ton et les mots employés adoptés par le patriarche montre toute sa colère et sa désapprobation de cette rencontre impromptue. N’ayant pas habitué les Béninois avec des faux-fuyants on peut déduire qu’il n’avait pas donné son accord formel pour cette rencontre contrairement à ce qu’avait annoncé Boni Yayi. Et sa colère ne s’est toujours pas apaisée car le 13 janvier dernier, il va lancer de nouvelles piques. « Boni Yayi a exploité à un moment donné, à tort le pays et ceci de mèche avec son ami », sous-entendu, Patrice Talon, avait déclaré le leader charismatique du parti RB aujourd’hui disparu. Depuis, il semble que la tension entre les deux hommes n’est pas descendue. Est-ce le divorce total ? C’est peu probable.

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Tous deux sont conscients de leur importance et leurs responsabilités au sein de l’opposition béninoise et que le pouvoir en place peut exploiter cette mésentente pour diviser l’opposition déjà en proie à des querelles intestines, alors même que les élections législatives approchent à grands pas. Un scrutin qui pourrait rebattre les cartes de la scène politique de notre pays. Ce qui les réunit est plus important que ce qui les divise pourrait t-on dire. En plus de cela, les deux hommes ont un ami commun : Olusegun Obasanjo. Cet ancien président du Nigéria qu’on ne présente plus a les oreilles aussi bien de Soglo que de Yayi. Il ne manque aucune occasion d’être au chevet de l’une ou l’autre personnalité chaque fois que besoin y est. Il pourrait jouer les bons offices pour une réconciliation. D’ailleurs, certains proches du président Boni Yayi affirment que Obasanjo s’y emploie déjà. Des concertations et des contacts ont même eu lieu en douceur. Une rencontre à trois pourrait se tenir prochainement sans que l’on ne connaisse ni la date ni le lieu.

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3 réponses

  1. Avatar de LeRoiMaj
    LeRoiMaj

    Les deux têtes qui sont à la base des problemes politiques du Benin actuel.

  2. Avatar de Paysan
    Paysan

    Qu’est qui vraiment oppose Soglo et Yayi pour justifier une invite à la réconciliation ? Kerekou a quitté la présidence et s’est octroyé une retraite politique paisible et digne. Mais nos gars continuent de remuer le couteau dans la plaie pour leurs intérêts personnels et familiales. Bien sûr que les législatives de 2023 tapent à la porte et on a encore en mémoire des stratégies du genre de ‘’l’initiative de Djeffa’’, le ‘’meeting de dantokpa’’, ‘’la Maison de la résistance’’ et autres. Malheureusement que Olla et ses amis sont obligés de suivre ces ‘’havebeen’’ parce que ne pouvant pas forger leurs propres destins politiques. Mais ils doivent compter sur notre malin-et-demi de prégo.

  3. Avatar de Tchité
    Tchité

    Ils y ont intérêt, car personne n’a rien amené dans ce monde et personne n’y emportera rien.

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