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Diplomatie et sécurité en Afrique : l’ours brun russe est de retour

Après avoir débarqué armes et bagages en Centrafrique, la Russie s’apprête à s’installer en Afrique de l’ouest sous un accueil chaleureux des pouvoirs publics et des populations. Trente ans après la chute du mur de Berlin et l’implosion de l’Union des républiques socialistes et soviétiques (URSS), l’ex « grand-frère » défenseur et libérateur des peuples qui ploient sous le joug du colonisateur, fait son retour en Afrique. Le point d’orgue de ce retour, est le sommet Russie-Afrique tenu à Sotchi en octobre 2019 au cours duquel une cinquantaine de chefs d’État africains avait fait le déplacement.

Objectif : ouvrir une nouvelle ère Russie-Afrique du genre France-Afrique ou Chine-Afrique. La deuxième rencontre est prévue en novembre de cette année. C’est la Centrafrique qui est le premier pays francophone à accueillir Poutine et ses soldats. Cette arrivée est liée aux sanctions onusiennes qui interdisent à ce pays en proie à une grave crise sociopolitique et sécuritaire, d’acheter les armes. Et pour contourner ses sanctions, le Kremlin a offert ses services au gouvernement du président Faustin Touadéra, avant l’arrivée ensuite des forces du groupe Wagner. Après la Centrafrique c’est autour du Mali d’accueillir les instructeurs de Poutine. De nombreuses sources affirment avoir déjà observé le déploiement de forces russes dans plusieurs régions du pays. Et c’est dans la liesse populaire que cette information a été accueillie dans les rues de Bamako avec des manifestations gigantesques, la foule brandissant des pancartes évoquant des slogans hostiles au pays colonisateur la France et adoubant la Russie.

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L’Afrique francophone ciblée ?

Au-delà de la Centrafrique et du Mali, c’est toute l’Afrique francophone que la Russie via ses différents réseaux compte conquérir, se présentant comme celui qui aide et ne juge pas versus la puissance coloniale et impérialiste. Les autorités du Burkina Faso et peut-être bientôt le Niger seraient en contact avec le Kremlin, soulignent de nombreux observateurs. Les populations quant à elles ont hâte de voir débarquer dans leur pays les troupes « salvatrices » russes pour les sortir du péril djihadiste auquel elles sont confrontées depuis de nombreuses années. Coopérations militaires, investissements économiques, soutien à la lutte contre le terrorisme sont les axes sur lesquels la Russie compte pour bouger ses pions en Afrique.

Selon une étude russe, entre 2014 et 2019, la Russie a signé 19 accords de coopération militaro-technique avec les pays africains. Cette assistance appelée en Russie « l’exportation de la sécurité » est devenue un élément central de la politique étrangère russe en Afrique. Elle s’exprime par la vente d’armes, secteur dans lequel le Kremlin se positionne comme le premier exportateur en Afrique. La puissance de l’armée russe, son expertise et sa réputation dans la lutte contre le terrorisme, forgée dans le Caucase du nord et en Syrie sont particulièrement appréciées en Afrique. Mais cette offensive russe ne plaît pas à tout le monde notamment la France qui reproche à Poutine de marcher sur ses plates-bandes.

L’échec de la France, le recours à la Russie

La vérité, c’est que les interventions internationales ont tout simplement échoué. Les attaques meurtrières des djihadistes contre les civils sont fréquentes au Mali , au Burkina et au Niger faisant des centaines de morts et des milliers de déplacés. Pourtant des forces françaises et européennes sont déployées dans cette zone depuis plus de 8 ans notamment au sein des opérations Barkane et Takuba. Mais leurs interventions sont quasiment un échec à part quelques coups d’éclats recensés ça et là. Les djihadistes continuent d’occuper de vastes zones dans le Sahel où ils exploitent les ressources minières.

Cette situation d’échec patent a ainsi amené les pouvoirs publics et les populations à se pencher du côté russe. Les résultats positifs de la présence russe en Centrafrique expliquent cet engouement Car, la sécurité est revenue dans les rues de Bangui. Les attaques des rebelles réunis au sein de la Coalition des patriotes pour le changement CPC) sont repoussées et les Forces armées centrafricaines enregistrent régulièrement des succès. Elles ont même repris le contrôle des zones qui étaient jusque là sous le contrôle de ces groupes rebelles pendant une dizaine d’années. Ce qui fait croire à certains Maliens et Burkinabè, que la Russie est une grande puissance militaire supérieure à la France et qu’elle saura vaincre les djihadistes en un temps record.

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Cependant il faut savoir raison gardée. Poutine ne vient pas en Afrique pour les beaux yeux de ses habitants. D’énormes intérêts financiers, stratégiques et géopolitiques sont en jeu. On apprend que l’intervention du groupe Wagner coûterait 10 millions de dollars par mois et que les Russes lorgnent déjà les riches minerais d’or et d’uranium dont regorge le pays. Il faut alors craindre que cette euphorie suscitée par l’annonce de l’ours brun russe en Afrique ne tourne au cauchemar si les maliens n’y prennent garde

2 réponses

  1. Avatar de Tchité
    Tchité

    Il faut prendre ses précautions en tout, en temps de paix comme en temps de guerre. Ce qui est sûr, si les dirigeants sont sérieux, les accords seront sérieux.

    Le plus grand problème en Afrique, surtout francophone, c’est de remplacer les dirigeants patriotes par des marionnettes afin de faire signer des accords bidons avec ces nations et la France, c’est le même modus operandi depuis des siècles, 4 environ en Côte d’Ivoire, au Togo, Centrafrique, Tchad, Congo etc.

  2. Avatar de DABRE
    DABRE

    Vive la RUSSIE, Vive Poutine, un jour AREVA et plus d’autres comme ça sera à vous pourvu que le contrat soit clair. Nous acceptons volontiers de vous donner beaucoup d’or et plus…
    La France nous promet 1000 F aide pub au développement et nous prend 1000.000.000.000.000….Euro. et fait semblant de nous protéger

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