La collaboration entre les mairies et les cadres désignés par tirage au sort pour conduire l’administration et gérer les ressources communales s’avère difficile de jour en jour. La réforme initiée par le gouvernement de Patrice Talon dans le secteur de la gouvernance locale interpelle plus d’un au regard de tout ce qu’on enregistre depuis quelques temps dans les communes du Bénin.
«Dans les conditions de travail hostiles que délétères qui sont les miennes à la mairie de Toucountouna, notamment les menaces, harcèlements, violations de l’intimité, non acceptation de la gent féminine en responsabilité, depuis mon installation le 25 avril 2022 (18 mois d’exercice jour pour jour), je ne pourrai poursuivre la mission que j’ai acceptée loyalement et sans état d’âme de venir assumer à Toucountouna, une commune que j’ai découverte à la prise de mon service. L’environnement de travail a aussi impacté mon état de santé qui se dégrade de jour en jour. Mon dernier séjour pour des soins qui m’a valu une demande d’explications pour abandon de poste, en est une belle illustration. C’est pourquoi je viens vous informer que conformément aux dispositions de l’article 15 du contrat de travail nº 61-2/001/Mct/Sga/Sa du 14 avril 2022, je dépose ma démission à compter de ce jour». C’est la déclaration liminaire de la désormais ex-secrétaire exécutive de la mairie de Toucountouna qui consacre la démission de cette dernière de ces fonctions.
Sidonie Houndonougbo, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est la ènième secrétaire exécutive à quitter ses fonctions après environ un an de mise en œuvre de la réforme. Avant elle, le secrétaire exécutif de la mairie d’Abomey, Serge M. Loukpé avait rendu sa démission pour des raisons, dit-il de « convenance personnelle ». Mais on se rappelle que le torchon avait brûlé entre ce secrétaire démissionnaire et le maire d’Abomey Antoine Djèdou.
C’est aussi le cas de Jocelyne Agbéssi Djossou, la secrétaire exécutive de la commune de Boukoumbé qui a déposé sa démission seulement trois mois après sa prise de fonction pour des raisons familiales. Sans oublier le SE de la commune de Ouidah et d’autres qui ont été suspendus par leurs maires respectifs pour des raisons de conflits d’attribution. Déjà au commencement, cinq secrétaires exécutifs avaient refusé de prendre fonction après leur tirage au sort dans une base de données constituée par le gouvernement. Il s’agit des secrétaires exécutifs de Karimama, Pèrèrè, Lalo, Aguégué et Zè.
Dans la plupart des cas, les raisons évoquées font appel à une difficile collaboration entre les élus communaux et les cadres nommés pour diriger l’administration locale. L’ambiguïté se trouve déjà dans la loi 2021-14 du 20 décembre 2021 portant code de l’administration territorial en république du Bénin, qui, en ses articles 60, 94, 105, 106, 107 et 132 ne clarifie pas très bien les attributions du maire et du secrétaire exécutif.
S’il y est dit que le maire est la première autorité politico-administrative de la commune, il y est aussi dit que le secrétaire exécutif est la première autorité administrative et technique de la même collectivité territoriale. C’est certainement l’une des sources de discorde entre maires et SE qui occasionne autant de démission ou d’abandon de poste de la part des cadres nommés. Il urge de repenser la réforme sur la décentralisation pour une meilleure gestion des communes en vue du développement local.
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