Dans le communiqué N°04/PR/SGG/SP en date du 16 novembre 2023, le Secrétaire Général du Gouvernement a annoncé les nouvelles mesures qui accompagnent la campagne de commercialisation du soja grain au titre de l’exercice 2023- 2024. Mais ce qui a fait jubiler les acteurs de la filière et fait crier victoire aux politiciens qui ont revendiqué la paternité de la décision, n’est en réalité que du leurre. Rien n’a vraiment changé dans la commercialisation du soja grain
Il ressort du communiqué du gouvernement, ventilé partout et fortement médiatisé que le commerce du soja grain est libre sur l’ensemble du territoire national. Ainsi, les opérations d’achat, de vente, de transport, les prix, les dates de démarrage et de fin des opérations, sont librement fixées par les acteurs, l’exportation du soja est libre, sans agrément et se fait exclusivement par le port de Cotonou, la contribution à la recherche et à la promotion agricole (CRA) perçue au cordon douanier, à la charge exclusive des exportateurs, est désormais fixée à 30 F CFA par kilogramme de soja grain au lieu de 140 FCFA au titre de la campagne écoulée.
Ces mesures qui semblent avoir fait plier le Gouvernement et le ramener à plus d’humanisme dans la crise avec les producteurs est certes une avancée en faveur des producteurs dans cette lutte. Toutefois, le chemin de la pleine jouissance reste encore périlleux. Même si les partis et autres personnalités de la majorité présidentielle ont tôt fait de se réjouir, les producteurs ne sont pas au bout de leurs peines. En effet, le Conseil des ministres réuni le 12 octobre 2022 a adopté un décret fixant la date d’interdiction d’exportation du soja grain sans transformation au 1er avril 2024. Et c’est par un communiqué que le gouvernement annonce de nouvelles mesures qui viennent en contradiction à son décret.
Or normalement, relève le parti d’opposition Les Démocrates lors d’une conférence de presse que ses responsables ont animé « un communiqué ne saurait abroger un décret ». L’opposition a d’ailleurs profité de sa conférence de presse pour exiger la libération sans délai et sans conditions des personnes incarcérées dans la crise du soja, la destruction immédiate des barrières faites de blocs de granite ainsi que la fermeture des tranchées creusées qui entravent la libre circulation des personnes et des biens à l’intérieur des pays et au niveau des frontières, la restitution des moyens de transport saisis, la main levée sur les produits saisis, la mise en place des mécanismes minimas de protection des producteurs, et enfin le dédommagement des victimes.
En clair, au regard de la situation, rien n’a vraiment changé dans la commercialisation du soja au Bénin. Pourquoi les producteurs ne pourraient pas vendre leurs productions par d’autres issues douanières en dehors du port de Cotonou ? Sinon les mesures actuelles sont contraires aux normes de la CEDEAO en matière de commerce sous régionale selon Chabi Yayi, responsable du parti Les Démocrates. La commercialisation du soja est toujours sujette à contraintes. Les producteurs ne sont pas sortis de l’auberge.
Laisser un commentaire