Présent devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) ce lundi 24 février 2025, Louis Philippe Houndégnon a comparu pour la troisième fois dans le cadre de son procès. La Cour a également entendu le témoignage de son neveu, co-prévenu dans cette affaire.
Le témoignage du neveu de Houndégnon
À la barre, le jeune homme a tenu à clarifier les circonstances de son arrestation. Il s’est présenté comme le neveu maternel de l’ancien directeur général de la police nationale et a expliqué qu’il s’était retrouvé mêlé à l’affaire par simple concours de circonstances. D’après son récit, son oncle l’avait contacté alors qu’il se trouvait non loin de son domicile à Abomey-Calavi. Ce dernier lui aurait demandé de l’aider à enregistrer une conversation jugée « sensible ».
Il a précisé que le général, peu à l’aise avec les nouvelles technologies, avait du mal à utiliser son iPhone pour l’enregistrement. Ne parvenant pas à lancer directement l’enregistrement sur l’appareil, le neveu a eu recours à un second téléphone, mettant l’appel sur haut-parleur pour procéder à l’opération.
C’est à ce moment que les forces de l’ordre ont fait irruption au domicile de Louis Philippe Houndégnon et procédé à leur interpellation. Le jeune homme a insisté sur le fait qu’il ignorait tout du contenu de la discussion et qu’il avait simplement suivi les instructions de son oncle. Interrogé sur son rôle présumé dans la diffusion de vidéos et publications de l’ex-patron de la police, il a reconnu avoir partagé certains contenus par admiration pour son oncle, mais a fermement nié avoir été rémunéré pour cela. Il a expliqué que son oncle l’avait soutenu financièrement jusqu’à l’obtention de son baccalauréat et que ses propos avaient été mal interprétés par les officiers de police judiciaire lors de l’enquête.
Les déclarations de Louis Philippe Houndégnon
Contrairement à la précédente audience, l’ancien directeur de la police nationale s’est montré plus mesuré dans ses propos. Il est poursuivi pour « incitation à la rébellion et harcèlement par le biais d’un système électronique ». L’accusation repose en grande partie sur les échanges extraits de son téléphone. L’un des points abordés lors de cette audience concernait ses conversations avec un ancien ministre du président Boni Yayi.
D’après les extraits lus à la barre, les discussions portaient sur la gouvernance actuelle et la succession du président Patrice Talon. Louis Philippe Houndégnon a assuré qu’il n’avait jamais soutenu un quelconque projet de coup d’État. « Qu’on me tue ou m’arrête, cela ne me dirait rien », aurait-il déclaré dans ces échanges, affirmant qu’il ne se reprochait rien.
Menaces et tentatives d’assassinat
L’ex-patron de la police a confirmé avoir pris des dispositions pour mettre l’ex-ministre de Boni Yayi à l’abris alors qu’il était visé par un kindnapping. Il a relaté un incident marquant où ce dernier avait été kidnappé à son domicile avec son véhicule. Grâce à l’intervention de la police sous ses ordres, il avait pu être secouru. Par la suite, des dispositifs renforcés avaient été mis en place pour assurer sa protection, notamment après la fameuse tentative d’empoisonnement de l’ex-président Boni Yayi.
Des échanges sur le président Talon
Poursuivant l’examen des messages extraits du téléphone de l’accusé, la Cour a mis en lumière un passage dans lequel Louis Philippe Houndégnon écrivait à l’ancien ministre : « Nous devons l’aider à partir tranquillement », en référence au président Talon.
Interrogé sur le sens exact de cette phrase, l’ex-patron de la police a refusé d’entrer dans les détails, évoquant des raisons de sécurité pour son interlocuteur. La Cour n’a pas insisté sur ce point. Un autre aspect de l’affaire concerne la liste de personnalités retrouvée lors des perquisitions au domicile de Louis Philippe Houndégnon. Interrogé sur ce point, il a expliqué qu’il s’agissait d’une liste de personnes pressenties pour un projet politique.
Ayant été contraint de quitter la police, il a déclaré s’être lancé dans la politique et travailler à la création d’un mouvement appelé « 11 & 12 ». Son objectif : proposer une alternative politique pour l’avenir du Bénin. Il a précisé que les personnalités mentionnées sur cette liste n’avaient pas encore été contactées officiellement et qu’il s’agissait simplement d’une phase exploratoire. Après les débats, la Cour a décidé de renvoyer l’affaire au 10 mars 2025. Cette prochaine audience sera consacrée aux réquisitions du ministère public et aux plaidoiries des avocats de la défense. En attendant, le procès de Louis Philippe Houndégnon continue de susciter l’intérêt, tant par les révélations faites que par les implications politiques qu’il pourrait avoir. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp du journal La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x)
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