L’hydrogène vert représente un vecteur énergétique essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable, il permet de décarboner des secteurs industriels particulièrement émetteurs de gaz à effet de serre, comme la sidérurgie ou la production d’engrais. Cette énergie propre offre aussi une alternative prometteuse pour le transport lourd et le stockage d’énergie à grande échelle, deux domaines cruciaux pour atteindre la neutralité carbone.
Un mégaprojet ambitieux face à des défis concrets
Un nouveau projet d’infrastructure énergétique majeur prend forme entre l’Europe et l’Afrique du Nord. L’Algérie, la Tunisie, l’Autriche, l’Allemagne et l’Italie ont acté la construction du corridor SoutH2, un pipeline sous-marin destiné à acheminer l’hydrogène vert produit au Maghreb vers le territoire européen. Long de près de 4 000 kilomètres, ce gazoduc reliera les futurs centres de production nord-africains à la Sicile, puis aux pôles industriels autrichiens et allemands en réutilisant les infrastructures existantes sur la majorité du parcours.
Des ambitions confrontées aux réalités du terrain
Le projet soulève néanmoins des interrogations quant à sa faisabilité dans les délais annoncés. Les analyses des stratégies algériennes et tunisiennes en matière d’hydrogène vert révèlent des lacunes significatives. Les capacités de production nécessaires pour alimenter le pipeline d’ici 2030 semblent difficiles à atteindre, malgré les atouts naturels indéniables de la région en termes d’ensoleillement et de potentiel renouvelable. Les experts soulignent que la transformation de l’Afrique du Nord en hub exportateur d’hydrogène vert nécessite des investissements colossaux et une montée en compétences techniques considérable.
Une course contre la montre pour la transition énergétique
Pour l’Union européenne, ce projet constitue une pièce stratégique de son plan de décarbonation. L’objectif est d’assurer un approvisionnement stable en hydrogène vert pour transformer les industries les plus émettrices de CO2. Le secrétaire d’État allemand Philipp Nimmermann considère le corridor SoutH2 comme une initiative déterminante pour atteindre les objectifs climatiques européens. Cependant, le décalage entre les ambitions affichées et les capacités réelles de production au Maghreb pose la question de la pertinence du calendrier. La réussite du projet dépendra de la capacité des pays nord-africains à développer rapidement leur filière hydrogène vert, tout en surmontant les obstacles techniques et financiers qui se dressent sur leur route.
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