Les relations diplomatiques tendues entre la France et l’Algérie, exacerbées par des désaccords persistants sur la mémoire coloniale et des déclarations controversées des dirigeants des deux pays, ont progressivement détérioré les liens historiques unissant les deux nations. Récemment la position de la France sur le Sahara occidental, les tentatives d’expulsion des influenceurs algériens et l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a envenimé la situation. Cet imbroglio diplomatique délicat a engendré des répercussions économiques majeures, particulièrement visibles dans le domaine des échanges commerciaux agricoles et agroalimentaires.
L’effondrement de l’héritage céréalier franco-algérien
Selon les déclarations faites dans le journal l’Opinion par Thierry Pouch, chef économiste des Chambres d’agriculture françaises, la rupture la plus emblématique se manifeste dans le secteur des céréales, pilier historique des échanges entre les deux nations. L’Algérie, autrefois premier client des céréaliers français, achète désormais ses grains ailleurs. Les volumes de céréales exportées racontent cette métamorphose : de 5,4 millions de tonnes en 2018, les ventes ont dégringolé à 608 000 tonnes en 2023. D’après le porte-parole du Synacomex, syndicat des exportateurs de céréales, les récents appels d’offres de l’Office algérien interprofessionnel des céréales excluent désormais systématiquement les sociétés françaises, marquant la fin d’une époque où la France couvrait jusqu’à 90% des besoins algériens en blé.
Des secteurs stratégiques en péril
Le bouleversement commercial frappe au-delà des céréales. Selon Interbev, l’organisation de la filière bovine française, jadis partenaire privilégié de l’Algérie, les exportations s’effondrent. Des 167 millions d’euros générés en 2022 par les ventes d’animaux vivants, il ne reste presque rien en 2024. Le secteur laitier, qui semblait résister avec des exportations de 266 millions d’euros en 2023, subit maintenant le même sort. Les derniers chiffres révélés par les Chambres d’agriculture montrent une chute d’un quart des ventes, présageant un avenir incertain pour ces filières historiques.
Un divorce commercial aux lourdes conséquences
Les statistiques globales communiquées par Thierry Pouch témoignent de l’ampleur de cette transformation : les exportations agricoles françaises vers l’Algérie ont fondu de moitié entre 2022 et 2023, passant de 1,3 milliard à 628 millions d’euros. Cette tendance, loin de s’essouffler, devrait s’intensifier. Les experts des Chambres d’agriculture prévoient une quasi-disparition des échanges dans certains secteurs d’ici 2025. Cette reconfiguration du commerce franco-algérien marque une transformation profonde des relations économiques méditerranéennes, poussant la France à repenser ses partenariats stratégiques dans la région.
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