Depuis plusieurs mois, Paris a déçu Alger en modifiant sa position sur le conflit du Sahara occidental. En juillet 2024, le gouvernement français a apporté un soutien marqué au plan d’autonomie proposé par Rabat pour ce territoire non autonome, ce qui a rompu avec la tradition d’appui au processus initié par l’ONU et au référendum d’autodétermination prévu depuis 1991. Ce changement a été perçu par l’Algérie comme un abandon des principes de décolonisation, alimentant ainsi des tensions historiques entre les deux pays.
Un geste symbolique aux répercussions diplomatiques
Le déplacement de la ministre de la Culture, Rachida Dati, au Sahara occidental, a renforcé cette dynamique conflictuelle. Arrivée à Laayoune pour inaugurer un centre culturel français, la visite a également conduit la responsable à Tarfaya, dans le sud du Maroc, le 17 février 2025. Décrivant son intervention comme « historique », elle a utilisé une terminologie conforme à celle adoptée par Rabat pour désigner ce territoire. De son côté, le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement critiqué ce déplacement, y voyant un acte qui légitime la position marocaine et qui compromet les efforts internationaux en faveur d’un règlement fondé sur le droit international.
Le territoire et ses enjeux complexes
Le Sahara occidental, ex-colonie espagnole, demeure au cœur d’un différend de longue date. Le Maroc contrôle environ 80 % de cette vaste zone désertique, tandis que le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, revendique l’indépendance dans une lutte qui perdure depuis cinquante ans. Le cessez-le-feu, fragilisé en novembre 2020 après l’intervention de troupes marocaines, rappelle la précarité d’un processus de décolonisation resté inachevé et l’absence d’un référendum promis aux populations locales. La récente résolution du Conseil de sécurité, adoptée en octobre 2024 par douze membres sur quinze, appelait à une solution réaliste et acceptable pour les parties concernées, illustrant la difficulté de concilier les positions divergentes.
Une dynamique aux conséquences régionales
L’appui affirmé de la France au plan d’autonomie de Rabat et la visite de Rachida Dati illustrent des choix politiques dont les répercussions se font sentir bien au-delà des frontières du Sahara occidental. Tel un mouvement stratégique dans une partie d’échecs, chaque geste modifie l’équilibre entre acteurs régionaux. En consolidant le fait accompli sur le terrain, la démarche française alimente les critiques d’un interlocuteur historique des revendications sahraouies et renforce la méfiance d’Alger. La situation, marquée par des actions qui se renforcent mutuellement, laisse entrevoir des complications supplémentaires dans la recherche d’une solution négociée au conflit, alors que les rapports de force dans la région continuent d’évoluer.
Face à ces développements, la visite de la ministre française s’impose comme un épisode révélateur d’un réalignement délicat en politique étrangère. Les décisions de Paris, désormais perçues comme en soutien explicite aux initiatives marocaines, risquent de complexifier les relations avec l’Algérie et d’influencer négativement les efforts de médiation en cours. L’évolution de cette situation demeure un point d’attention pour la diplomatie régionale, où chaque mouvement offre autant de défis que d’opportunités pour un règlement équitable du conflit.
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