Maghreb: une récente décision de Trump va affecter plusieurs secteurs

Photo : AP

Créée en 1961 sous l’administration Kennedy, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) s’est imposée comme l’un des piliers de la politique étrangère américaine en matière d’aide humanitaire et de développement. Avec un budget annuel dépassant les 20 milliards de dollars, l’agence opère dans près de 100 pays à travers le monde. Au Maghreb, et particulièrement au Maroc, l’USAID a financé depuis des décennies des programmes essentiels touchant à l’éducation, la santé, les droits humains et le développement économique. La Société du défi du millénaire (MCC), autre instrument majeur de l’aide américaine, a quant à elle investi plus de 700 millions de dollars au Maroc depuis 2007, principalement dans les infrastructures et la formation professionnelle. Ces deux institutions représentent les principaux canaux par lesquels transitent les financements américains vers les pays du Maghreb.

Désastre imminent pour le tissu associatif et les populations vulnérables

La suspension de l’aide américaine frappe de plein fouet les programmes sociaux au Maroc. Les initiatives d’alphabétisation des femmes et les dispositifs luttant contre l’abandon scolaire, jusqu’alors soutenus par les fonds américains, voient leur avenir compromis. À Fès, un centre offrant des formations professionnelles à des femmes en situation précaire a déjà dû réduire considérablement ses activités, laissant de nombreuses apprenantes dans l’incertitude quant à l’achèvement de leur parcours et compromettant leurs perspectives d’emploi.

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Les conséquences s’étendent bien au-delà des grandes villes. Dans plusieurs zones rurales, des projets d’approvisionnement en eau potable se trouvent suspendus, forçant les habitants à parcourir de longues distances pour accéder à cette ressource vitale. Les coopératives d’artisanes, soutenues par des programmes de microcrédit facilités par l’USAID, font face à une chute drastique de leurs commandes, menaçant leur survie économique.

Plus inquiétant encore, les centres d’accueil pour victimes de traite humaine, privés des 2,5 millions de dollars initialement prévus, risquent la fermeture. Cette situation abandonne des milliers de personnes vulnérables sans protection ni accompagnement. Dans le domaine de la santé, les structures communautaires assurant la distribution d’antirétroviraux et la prise en charge des populations marginalisées voient leur fonctionnement directement menacé, mettant en péril la continuité des soins pour de nombreux patients.

Entre reconstruction impossible et crise humanitaire aggravée

Le Maroc perd également les financements cruciaux de l’UNICEF et de l’USAID destinés à la reconstruction après le séisme dévastateur de septembre 2023. Les projets de réhabilitation des écoles et centres médicaux dans les zones rurales sinistrées se retrouvent désormais sans ressources suffisantes, compromettant le retour à la normale pour les populations touchées.

La gestion de la question migratoire constitue un autre domaine sévèrement impacté. Les programmes d’assistance aux migrants et réfugiés, mis en œuvre par l’OIM et le HCR mais financés majoritairement par l’USAID, subissent un coup d’arrêt brutal. Les initiatives de régularisation et d’intégration, essentielles pour des milliers de personnes en transit au Maroc, ne peuvent plus fonctionner normalement. Cette situation risque d’aggraver considérablement la précarité des populations migrantes dans un pays qui représente une porte d’entrée stratégique vers l’Europe.

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Face à cette situation critique, les ONG marocaines cherchent désespérément des financements alternatifs, mais le processus est long et incertain. Le gouvernement marocain, bien qu’ayant pris conscience de l’ampleur de la crise, n’a pas encore proposé de solutions concrètes pour compenser l’arrêt soudain de ces financements essentiels.

Du côté américain, les raisons officielles de cette suspension restent floues, certaines sources évoquant une réorientation stratégique de l’aide extérieure américaine, tandis que d’autres suggèrent des tensions diplomatiques non divulguées. Pour les milliers de bénéficiaires de ces programmes, chaque jour qui passe sans solution rapproche davantage ces initiatives vitales d’une disparition définitive.

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