Alliances au Maghreb : ces deux pays sur la même longueur d’onde

Nouakchott (Ph. kayak)

Le Maghreb traverse depuis des années une période de tensions politiques persistantes, marquée par une rivalité entre le Maroc et l’Algérie qui façonne les rapports de force dans la région. Le conflit autour du Sahara occidental a exacerbé la discorde, bloquant tout espoir d’intégration régionale à travers l’Union du Maghreb Arabe. La fermeture de la frontière terrestre entre Rabat et Alger illustre la profondeur de ce désaccord. Dans cet environnement instable, les alliances se dessinent souvent par contraste, révélant de nouveaux axes de coopération là où les antagonismes persistent. C’est dans ce contexte que la Mauritanie et le Maroc avancent main dans la main, esquissant un partenariat qui défie l’immobilisme régional.

Ambitions atlantiques partagées

Entre le Maroc et la Mauritanie, une convergence stratégique prend forme, portée par une vision commune de leur position géographique. Loin d’être de simples voisins, les deux pays se perçoivent comme des charnières entre plusieurs mondes : le continent africain dont ils embrassent la profondeur, l’Europe dont ils se sentent proches, et l’Atlantique qui ouvre une perspective vers les Amériques. Ce triptyque géographique est vu non comme une contrainte, mais comme un tremplin. Lors du Forum parlementaire économique Maroc-Mauritanie, tenu récemment à Nouakchott, les représentants des deux pays ont exprimé une volonté claire de bâtir une plateforme de commerce et de production capable de rayonner au-delà de leurs frontières. Cette ambition s’appuie sur des projets concrets : ports modernisés, corridors logistiques, et routes maritimes reliant les côtes atlantiques africaines à de nouveaux marchés.

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Le rapprochement entre Rabat et Nouakchott se lit aussi dans une lecture plus large du développement régional, qui mise sur des infrastructures robustes et interconnectées. Les deux États entendent capitaliser sur leur façade atlantique pour faire émerger une économie fluide et compétitive. L’idée de transformer l’Atlantique en un espace de prospérité partagée repose sur la complémentarité de leurs ressources et de leur vision. Là où d’autres pays peinent à se libérer de logiques de confrontation, le Maroc et la Mauritanie optent pour la coopération comme levier de croissance.

Une alliance tournée vers l’avenir

Ce rapprochement stratégique peut être vu comme une réponse à l’inertie géopolitique du Maghreb. Alors que les querelles politiques entravent les grandes dynamiques régionales, Rabat et Nouakchott tracent une autre voie, plus pragmatique et orientée vers l’action. L’enjeu ne se limite pas à leur relation bilatérale ; il concerne aussi la manière dont ils entendent peser dans l’espace ouest-africain et atlantique. En misant sur leur complémentarité, ils aspirent à devenir des hubs économiques capables d’attirer les investissements, de connecter les continents et d’initier un nouvel élan de coopération transrégionale.

Cette alliance proactive pourrait bien préfigurer un modèle alternatif pour une région souvent perçue comme figée. À l’heure où les blocages traditionnels ralentissent les mécanismes d’intégration, l’axe Maroc-Mauritanie trace une trajectoire différente, fondée sur l’interdépendance choisie et les opportunités concrètes. Si les projets annoncés voient le jour, cette dynamique pourrait rééquilibrer les cartes au Maghreb, et offrir une bouffée d’oxygène à une région qui peine à sortir de ses antagonismes historiques.

En pariant sur l’Atlantique et sur leur synergie, ces deux pays démontrent qu’il est encore possible de faire primer la coopération sur la confrontation. Une leçon politique autant qu’un signal économique, dans un espace où les lignes ne bougent que rarement.

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