Au Bénin, la dépigmentation volontaire de la peau, également appelée « blanchiment de la peau« , demeure une pratique largement répandue, en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisation et des mesures réglementaires mises en place pour en limiter l’usage. Ce phénomène, qui touche principalement les femmes, mais aussi une proportion croissante d’hommes, soulève des préoccupations majeures en matière de santé publique et d’identité culturelle. Le drame depuis quelques années, c’est la dépigmentation des nouveau-nés.
Selon une étude publiée en 2019 dans la revue Pan African Medical Journal, environ 80 % des femmes âgées de 15 à 49 ans dans le sud-ouest du Bénin utilisent quotidiennement des produits dépigmentants, malgré une connaissance des risques pour la santé. Les motivations derrière cette pratique sont multiples, incluant le désir de plaire, notamment aux hommes, et la perception que la peau claire est synonyme de beauté et de réussite sociale. Yolaine Glèlè-Ahanhanzo, chercheure en épidémiologie à l’Université d’Abomey-Calavi, souligne que la recherche de partenaires multiplie par cinq le risque de recours à la dépigmentation chez les femmes célibataires. Cette pression sociale est exacerbée par la prolifération de publicités vantant les mérites des produits éclaircissants, visibles sur les grands axes routiers et dans les médias.
Les produits dépigmentants contiennent souvent des substances nocives telles que l’hydroquinone, les corticoïdes ou le mercure, qui peuvent entraîner des complications graves : infections cutanées, cancers de la peau, hypertension, diabète, troubles hormonaux, et même des cas de stérilité. Le Dr Bérénice Dégboé, dermatologue, avertit que la dépigmentation affaiblit l’immunité de la peau en détruisant les cellules protectrices, la rendant ainsi plus vulnérable aux agressions extérieures. On comprend alors la gravité du phénomène lorsqu’il s’agit des enfants.
La dépigmentation des nouveau-nés est très dangereuse
La dépigmentation des nouveau-nés, bien que moins médiatisée que celle des adultes, est une pratique alarmante qui soulève de graves préoccupations sanitaires, sociales et éthiques. Au Bénin, de plus en plus, les bébés sont exposés à des crèmes éclaircissantes ou à des produits cosmétiques contenant des substances chimiques telles que l’hydroquinone, les corticoïdes ou le mercure, dans l’illusion de leur offrir une peau plus claire, perçue comme un signe de beauté, de pureté ou d’avantage social. Cette tendance repose sur des croyances erronées et un héritage colonial encore profondément ancré dans certaines mentalités, valorisant la peau claire au détriment de l’identité africaine. Or, les conséquences médicales de ces pratiques sur des nourrissons à la peau extrêmement fragile sont redoutables.
L’application de ces produits peut causer des brûlures, des infections cutanées graves, des troubles hormonaux, une atrophie de la peau, voire des maladies rénales ou hépatiques à long terme dues à l’absorption de substances toxiques par la peau. Sur le plan neurologique, les effets de certains produits chimiques sur le système nerveux en développement sont encore méconnus mais potentiellement dévastateurs. De plus, ces pratiques exposent les enfants à un risque accru de développer des cancers de la peau à l’âge adulte. Au-delà de la santé physique, la dépigmentation infantile envoie un message destructeur sur l’estime de soi et l’acceptation de son identité dès les premières étapes de la vie. Il s’agit d’une violence symbolique qui peut compromettre le développement psychologique des enfants. La dépigmentation des nouveau-nés n’est pas seulement une pratique dangereuse, c’est une atteinte grave à leur intégrité et à leur avenir.
Des initiatives de sensibilisation et de répression
Face à cette situation préoccupante, diverses initiatives ont été lancées pour sensibiliser la population. Des campagnes sont organisées pour promouvoir l’utilisation de produits cosmétiques biologiques et valoriser la beauté naturelle de la peau noire. De même, l’Institut national de la femme (Inf) et le ministère des Affaires sociales et de la Microfinance (Masm) ont co-présidé des séances de sensibilisation, mettant en lumière les dangers de la dépigmentation à travers des témoignages et des œuvres littéraires, comme le recueil « Marie-Claire » de l’écrivain Habib Dakpogan.
Malgré ces efforts, la dépigmentation reste une pratique profondément ancrée dans les mentalités. Le gouvernement béninois a pris des mesures pour interdire la commercialisation des produits dépigmentants. Mais l’application de cette mesure continue de piétiner. Si pour les adultes, plus rien ne peut être fait, il est important que tous les béninois et toutes les béninoises se lèvent comme un seul homme pour dire non à la dépigmentation des nouveau-nés. Il y va de l’avenir de la nation. 🔥 « Restez branché à l’actu béninoise sur notre chaîne WhatsApp officielle ! » en cliquant sur ce lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x
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