Face à un stress hydrique de plus en plus préoccupant, les pays du Maghreb ont considérablement intensifié leurs investissements dans les usines de dessalement. Le Maroc a multiplié les projets le long de ses côtes atlantiques, la Tunisie s’est tournée vers l’amélioration de ses infrastructures, et la Libye, malgré les difficultés politiques, tente de sécuriser ses ressources en eau. Cette dynamique régionale vise à répondre à une demande croissante, aggravée par la sécheresse, la croissance démographique et les besoins agricoles. Mais alors que la plupart des pays de la région restent dépendants des importations pour les équipements essentiels, l’Algérie, elle, vient de franchir un seuil stratégique : celui de la souveraineté technique.
L’Algérie mise sur la fabrication nationale
Le gouvernement algérien a dévoilé un tournant majeur dans sa stratégie de sécurité hydrique : la fabrication locale des membranes de dessalement. En développant cette technologie en interne, l’Algérie ne se contente pas de produire une pièce technique : elle revendique une autonomie dans la gestion de ses ressources vitales.
Cette avancée découle d’un suivi rigoureux de la politique nationale de sécurité hydrique, porté au plus haut niveau de l’État. Le Premier ministre Nadir Larbaoui a présidé une réunion gouvernementale au cours de laquelle cette initiative a été mise en avant, aux côtés d’autres priorités nationales comme la formation professionnelle et la moisson-battage de 2025. La fabrication de ces membranes est perçue comme un jalon technologique qui consolide la capacité du pays à opérer, entretenir et développer ses propres installations, sans assistance étrangère.
Vers une filière intégrée, gage de résilience
Au-delà de l’innovation industrielle, l’Algérie entend bâtir une filière complète dédiée au dessalement : de la conception des stations à la maintenance, en passant par la production locale des composants clés. Cette logique d’intégration constitue un levier stratégique. En réduisant la dépendance aux fournisseurs extérieurs, le pays peut mieux maîtriser ses coûts, répondre plus rapidement aux besoins urgents, et éviter les ruptures d’approvisionnement.
Le dessalement devient ainsi bien plus qu’un outil technique : il s’impose comme un pilier de souveraineté, à l’instar de l’énergie ou de la défense. En contrôlant chaque maillon de la chaîne, l’Algérie se donne les moyens d’assurer un accès stable et pérenne à l’eau potable, y compris dans un contexte climatique incertain.
Un modèle pour la région ?
L’initiative algérienne pourrait servir de référence aux autres pays du Maghreb, dont plusieurs dépendent encore fortement des technologies étrangères. En démontrant qu’il est possible de localiser la production de composants critiques, l’Algérie pose les bases d’une nouvelle approche : celle d’une résilience par l’innovation. Si cette stratégie se confirme dans les prochaines années, elle pourrait repositionner le pays en acteur clé du dessalement non seulement pour sa population, mais aussi pour les marchés régionaux et africains.
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