Longtemps perçue comme un pari audacieux, la voiture électrique doit une large part de sa popularité actuelle à Elon Musk. Avec Tesla, l’entrepreneur américain a contribué à repositionner l’électromobilité au cœur de l’innovation automobile, en misant sur la performance, l’autonomie et un réseau de recharge intégré. En parallèle, la Chine a transformé l’essai à grande échelle : en quelques années, elle est devenue le premier marché mondial du véhicule électrique, poussée par une stratégie industrielle volontariste, des subventions massives, et une production à bas coût qui a contribué à faire chuter les prix à l’échelle globale.
Une vidéo virale relance le débat sur les performances annoncées
C’est dans ce contexte d’effervescence technologique que la marque chinoise Avatr s’est retrouvée sous les projecteurs. L’un de ses modèles phares, la berline Avatr 12, est au cœur d’une controverse depuis la diffusion d’une vidéo publiée par un influenceur chinois. Ce dernier affirme avoir mesuré un coefficient de traînée bien plus élevé que celui annoncé par la marque, une donnée essentielle pour juger de l’efficacité énergétique d’un véhicule électrique.
Le test effectué en soufflerie aurait révélé une valeur de 0,281, alors que le constructeur communique officiellement sur un chiffre de 0,208. L’écart, s’il est avéré, remettrait en question les performances réelles du véhicule, notamment en matière d’autonomie.
Musk retweete, Avatr réagit
Ce qui aurait pu rester un débat technique sur les réseaux sociaux chinois a pris une dimension internationale lorsqu’Elon Musk a relayé la vidéo, sans commentaire, sur sa plateforme X. Bien qu’il ne soit pas intervenu directement dans la discussion, son geste a suffi à attirer l’attention mondiale sur cette affaire.
Avatr, qui bénéficie du soutien de Changan Automobile, CATL et Huawei, a aussitôt répondu sur Weibo. L’entreprise a dénoncé des données « infondées« , et a promis d’organiser des essais publics menés par des laboratoires indépendants. Dans une tentative de retournement de la situation, la marque a même adressé une invitation officielle à Elon Musk pour qu’il assiste lui-même aux futurs tests en soufflerie.
Des chiffres devenus des arguments commerciaux
Le coefficient de traînée, jadis réservé aux spécialistes, est aujourd’hui un argument de vente. Plusieurs marques chinoises s’en servent pour promouvoir l’efficacité de leurs véhicules. XPeng, par exemple, annonce fièrement un Cx de 0,194 pour son modèle Mona M03, parmi les plus bas du marché, en concurrence directe avec la Tesla Model 3. Mais cette course à l’aérodynamisme soulève une question : dans quelle mesure ces données sont-elles contrôlées de manière indépendante ?
Des antécédents récents montrent que le doute s’installe. Le cas de Nio avec son modèle ET9, critiqué pour un test de stabilité jugé trompeur, illustre cette tendance. Les marques rivalisent d’effets spectaculaires pour marquer les esprits, au risque de fragiliser leur crédibilité.
Une confiance à préserver
La réaction d’Avatr, bien qu’offensive, trahit une certaine nervosité face à l’impact potentiel de cette polémique. Si la marque souhaite s’imposer sur les marchés internationaux, la transparence technique et la vérifiabilité de ses performances seront des enjeux cruciaux. Quant à Elon Musk, il se retrouve, une fois de plus, à l’épicentre d’un débat qui dépasse sa propre entreprise, preuve que son influence dans l’univers de la mobilité électrique reste déterminante, même lorsqu’il ne prend pas la parole.
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