L’Algérie, gagnante inattendue de la reconfiguration énergétique mondiale
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les cartes de l’énergie ont été brutalement rebattues. L’Europe, en quête urgente de substituts au gaz russe, s’est tournée vers d’autres fournisseurs plus stables. Parmi eux, l’Algérie a émergé comme une alternative stratégique. Déjà acteur historique du secteur énergétique, le pays a profité de cette situation géopolitique tendue pour renforcer ses exportations, améliorer ses infrastructures et affirmer son rôle dans les équilibres énergétiques méditerranéens. En tirant parti de ses ressources abondantes et de sa proximité avec le marché européen, Alger a consolidé ses partenariats traditionnels tout en en initiant de nouveaux, notamment vers l’Asie. C’est là que l’alliance avec la société indienne Larsen & Toubro prend toute son importance.
Un partenariat discret, des résultats visibles
L’entente entre Sonatrach et le groupe indien Larsen & Toubro a été lancée en 2019, loin des projecteurs. Ce n’est qu’en 2024 que les résultats concrets sont apparus, avec l’entrée en production de trois grandes unités de traitement de gaz dans le sud-ouest algérien : Tinerkouk, Hassi Tidjerane et Hassi Bahamou. Ces installations, réalisées dans le cadre d’un contrat EPC de 122 milliards de dinars (près de 900 millions d’euros), permettent de traiter jusqu’à 12 millions de mètres cubes de gaz par jour. Une capacité qui équivaut à celle de certains pays exportateurs à part entière.
Le projet a nécessité des années de travaux, des transferts de technologie, et une coordination entre plusieurs acteurs. Aujourd’hui, ces infrastructures sont en phase de réception finale, prêtes à être pleinement intégrées au réseau national. Cette montée en puissance ne s’est pas faite dans la précipitation, mais dans une logique d’expansion maîtrisée.
L’effet domino sur l’économie algérienne
Les effets de cette coopération dépassent largement le périmètre des installations industrielles. Le chantier a permis de mobiliser des entreprises algériennes, générer des emplois et dynamiser des zones isolées. Dans une région désertique comme le sud-ouest, où les projets structurants sont rares, ce type d’investissement agit comme un levier de développement.
Sur le plan macroéconomique, cette nouvelle capacité de production renforce les marges de l’Algérie dans ses négociations commerciales. En augmentant son volume exportable, le pays améliore sa balance commerciale et protège ses réserves de change, tout en ayant les moyens de répondre simultanément à la demande européenne et aux nouvelles ouvertures vers l’Asie, notamment l’Inde.
L’initiative confirme une orientation stratégique : ne plus dépendre uniquement des débouchés traditionnels mais multiplier les options, répartir les risques, et faire évoluer le modèle énergétique en s’appuyant sur des partenaires variés. L’alliance avec L\&T n’est donc pas une opération ponctuelle, mais une brique de plus dans la construction d’un positionnement solide de l’Algérie sur l’échiquier gazier mondial.
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