Métaux au Maghreb : nouvelle réglementation d’exportation

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Les métaux comme le cuivre et l’aluminium sont devenus incontournables dans les chaînes de production modernes. Ils alimentent aussi bien les infrastructures électriques que les technologies de communication, les batteries de véhicules électriques ou encore les composants électroniques. À mesure que la transition énergétique progresse et que la demande mondiale en matériaux conducteurs s’intensifie, leur valeur stratégique croît. Les pays producteurs ou transformateurs, en particulier au Maghreb, adaptent leur politique d’exportation pour tirer un meilleur parti de ces ressources convoitées.

Cadre réglementaire renouvelé pour les exportations marocaines

Le Maroc a récemment introduit de nouvelles conditions d’exportation pour le cuivre et l’aluminium, modifiant les règles du commerce extérieur de ces matières premières. Désormais, seuls les lingots bruts sont autorisés à quitter le territoire national, selon les nouvelles directives de l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII). Cette mesure découle d’un arrêté du ministère de l’Industrie et du Commerce publié officiellement fin avril, mais elle entre en application dès le 5 mai. Elle concerne spécifiquement certaines catégories tarifaires bien définies, ce qui suggère une volonté de contrôler étroitement la nature des produits exportés.

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L’objectif semble clair : limiter la sortie de matériaux non transformés ou partiellement valorisés, et encourager au contraire leur traitement local. Cela permettrait d’augmenter la valeur ajoutée au sein des filières industrielles marocaines, tout en assurant un meilleur suivi des flux sortants dans un contexte où les tensions sur les approvisionnements métalliques se multiplient.

Une mesure temporaire aux visées industrielles

La décision marocaine s’appliquera pour une durée de deux ans. Ce choix laisse entendre une approche expérimentale ou transitoire, qui pourrait être prolongée ou révisée en fonction de l’évolution du marché ou des capacités industrielles nationales. Il ne s’agit pas d’un bannissement des exportations de métaux, mais d’un tri sélectif destiné à favoriser certaines formes plus brutes, potentiellement plus faciles à tracer et à réguler.

En restreignant la possibilité d’exporter des formes travaillées de cuivre ou d’aluminium, le pays pourrait également chercher à décourager les exportations sauvages ou non déclarées, un phénomène souvent signalé dans le commerce des métaux non ferreux. Cela permettrait aussi de préserver les ressources pour les besoins des entreprises locales, notamment dans le secteur de la fabrication électrique ou automobile, qui utilisent ces matières comme fondement de leur production.

Une dynamique régionale en gestation ?

Si le Maroc agit aujourd’hui en solo, la démarche pourrait inspirer d’autres pays du Maghreb confrontés aux mêmes enjeux. La raréfaction des ressources, les fluctuations de prix et la pression croissante des industriels mondiaux pour sécuriser leur approvisionnement obligent les États à adopter des stratégies plus offensives dans la gestion de leurs ressources métalliques.

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Dans un marché où la transformation locale devient synonyme de souveraineté économique, ces ajustements réglementaires reflètent une volonté de capter davantage de retombées industrielles à l’échelle nationale. Reste à savoir si cette orientation sera soutenue par un investissement parallèle dans les infrastructures de traitement et de valorisation des métaux. Car sans un tissu industriel renforcé, limiter les exportations ne suffira pas à tirer pleinement parti de ces richesses métalliques.

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