Mines au Maghreb : un changement majeur annoncé

AFP/GWENN DUBOURTHOUMIEU

L’Afrique recèle une abondance de ressources minières, pourtant une grande partie de ce capital reste à l’état latent. Entre instabilités politiques, manque d’infrastructures et régulations peu incitatives, de nombreux pays n’ont pas encore transformé leur sous-sol en moteur de développement. Le Maghreb n’échappe pas à cette réalité, et l’Algérie en particulier, bien qu’elle dispose d’importants gisements de fer, de phosphate, de zinc ou encore de terres rares, a longtemps misé presque exclusivement sur les hydrocarbures. Cette dépendance au pétrole et au gaz a limité l’essor d’un secteur minier pourtant stratégique. Face aux défis économiques et aux évolutions du marché mondial, l’Algérie semble aujourd’hui prête à opérer un tournant structurant.

Infrastructures, fiscalité et accès simplifié

Pour relancer cette filière, les autorités ont opté pour un ensemble d’aménagements couvrant plusieurs aspects, à commencer par les réseaux de transport. Des projets sont en cours pour relier les sites d’extraction aux zones industrielles et aux ports, via de nouvelles voies ferrées et des routes adaptées au fret minier. L’objectif est clair : réduire les coûts logistiques et accélérer l’acheminement des matériaux bruts vers les marchés.

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En parallèle, le gouvernement prévoit des mesures incitatives pour stimuler les investissements. Les entreprises engagées dans des projets durables devraient bénéficier de facilités douanières et d’avantages fiscaux. Cette politique vise en particulier les partenaires internationaux prêts à s’implanter sur le long terme. Toutefois, pour éviter une prise de contrôle étrangère, ces entreprises devront s’associer à des structures locales, renforçant ainsi les capacités nationales.

Vers une gouvernance plus rigoureuse

La relance ne s’accompagne pas uniquement d’efforts économiques. Les autorités ont instauré une série de contrôles pour que les activités minières s’effectuent sans nuire à l’environnement ou aux communautés avoisinantes. Des inspections seront régulièrement menées afin de vérifier le respect des normes en vigueur. L’objectif est de s’assurer que le développement minier s’opère dans des conditions durables, tant sur le plan écologique que social.

Le gouvernement cherche également à fluidifier les procédures administratives, perçues jusqu’à présent comme un frein à l’investissement. Un cadre législatif simplifié est en train d’être mis en place pour faciliter l’obtention des autorisations et clarifier les règles du jeu pour les nouveaux entrants. Des zones spéciales consacrées à l’activité minière permettront de mieux organiser les projets et d’optimiser leur suivi.

Une volonté de diversification affirmée

La décision d’ouvrir plus largement ce secteur repose sur une stratégie économique de rééquilibrage. L’Algérie, en s’appuyant sur ses ressources inexploitées, espère créer de nouvelles opportunités de croissance et limiter sa vulnérabilité aux fluctuations du marché énergétique. Ce changement d’orientation pourrait également favoriser un développement plus inclusif, en créant des emplois dans des régions éloignées des grands centres urbains.

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Ce virage vers l’exploitation minière structurée reste cependant soumis à la capacité de l’État à garantir un climat stable et transparent. La réussite de cette ambition dépendra autant de l’attractivité des mesures proposées que de la fiabilité des institutions chargées de les mettre en œuvre. Mais la dynamique engagée montre une volonté claire : redonner au sous-sol algérien une place centrale dans la redéfinition du modèle économique national.

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