Sénégal : Le pays face aux défis de l’eau

mrjn Photography - Unsplash

Au Sénégal, l’eau est devenue un enjeu stratégique de premier ordre. Le pays, confronté à une urbanisation croissante et à un climat de plus en plus instable, voit ses ressources hydriques s’amenuiser alors que la demande ne cesse d’augmenter. Dakar et sa périphérie concentrent à elles seules une grande partie de la population, ce qui accentue la pression sur les infrastructures existantes. Les forages s’essoufflent, les nappes phréatiques sont fragilisées et les zones rurales restent inégalement desservies. Le dérèglement climatique n’a fait qu’amplifier ces déséquilibres, avec des saisons pluvieuses devenues imprévisibles et une récurrence des périodes de sécheresse.

Dans ce contexte, les autorités sénégalaises sont confrontées à un dilemme : comment garantir un accès équitable à l’eau tout en préservant une ressource aussi vitale qu’instable ? Les tensions liées à l’approvisionnement ne se limitent plus aux régions rurales : même les centres urbains commencent à subir des rationnements et des coupures prolongées. La planification hydrique est devenue un exercice de haute précision, qui requiert à la fois vision, moyens financiers et coopération technique à plusieurs échelles.

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Les « Autoroutes de l’eau » : une réponse d’envergure

Face à cette situation, l’État a engagé un projet d’infrastructure ambitieux : le Grand Transfert d’Eau, plus connu sous le nom d’« Autoroutes de l’eau ». Cette opération vise à acheminer l’eau du lac de Guiers vers les principaux centres urbains et pôles économiques du pays. L’objectif initial est de desservir cinq millions de personnes, avec une capacité évolutive qui pourrait atteindre onze millions d’usagers d’ici 2050. Mais au-delà de la distribution d’eau potable, le projet vise aussi à soutenir l’agriculture à travers l’irrigation de vastes zones cultivables.

Cette initiative peut être comparée à un système sanguin artificiel mis en place pour alimenter les organes vitaux du pays. En reliant les régions excédentaires en eau aux zones déficitaires, le Sénégal cherche à rééquilibrer ses ressources à l’échelle nationale. Ce projet ne se limite pas à la technique : il engage des partenariats structurants, notamment avec des entreprises internationales et des bailleurs souverains. C’est aussi une vitrine de la volonté politique de répondre à une urgence sociale sans céder à l’improvisation.

Diplomatie hydraulique et engagement international

L’ancrage du Sénégal dans la diplomatie de l’eau a connu une nouvelle avancée le 29 mai 2025, avec son adhésion officielle à l’Organisation internationale de l’eau (OIE). Cette structure, récemment créée, ambitionne de fédérer les États autour d’une gestion plus équitable et collaborative des ressources hydriques. La cérémonie d’adhésion, organisée à Riyad en Arabie Saoudite, a rassemblé plusieurs délégations africaines, confirmant la dimension géopolitique de la question de l’eau.

En rejoignant cette organisation, le Sénégal veut consolider sa position parmi les pays africains les plus engagés dans la gouvernance environnementale. L’enjeu dépasse la simple coopération technique : il s’agit d’anticiper les futurs conflits liés à l’eau, de partager des technologies innovantes et d’obtenir un meilleur accès aux financements pour des projets structurants. À travers cette diplomatie de terrain, le pays tente de faire de l’eau non plus une source de tension, mais un levier d’intégration régionale et de stabilité sociale.

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L’avenir de la ressource hydrique au Sénégal se joue donc sur plusieurs fronts : celui des infrastructures, celui de la gestion publique et celui de la scène internationale. Le pari est audacieux, mais face à un défi aussi vital, le pays semble déterminé à agir sans attendre que la crise ne s’installe durablement.

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