Sénégal : Un autre ancien ministre de Macky Sall mis aux arrêts

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La Haute Cour de justice poursuit sa série d’auditions et de mises en accusation qui secouent l’élite politique de l’ère Macky Sall. Moustapha Diop, ancien ministre et maire actuel de Louga, vient de rejoindre la liste des personnalités rattrapées par les soupçons de mauvaise gestion des fonds alloués pendant la crise du Covid-19. Il est accusé d’avoir mal utilisé un montant estimé à 2,5 milliards FCFA, destinés à soutenir la lutte contre la pandémie. Ce nouvel épisode judiciaire intervient alors que le nom de Mansour Faye, autre figure de premier plan du gouvernement précédent, est également cité parmi les ministres convoqués pour répondre de leur gestion.

Cette séquence judiciaire intense révèle l’ampleur d’un système aujourd’hui mis à nu. À mesure que les auditions se succèdent, c’est tout un pan de la gouvernance passée qui est revisité à travers les comptes, les ordres de dépenses, et les allocations d’urgence. Le cas Moustapha Diop illustre une tendance : les maillons les plus influents du pouvoir d’hier doivent aujourd’hui rendre des comptes devant des institutions qui semblent décidées à lever tous les voiles.

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Une gestion des fonds d’urgence passée au crible

Le dossier Moustapha Diop ne se détache pas des autres seulement par son montant, mais aussi par le fait qu’il touche un élu encore en fonction, ce qui ajoute une dimension politique à l’affaire. Cette arrestation survient dans un climat déjà chargé : la veille, Aissatou Sophie Gladima, ancienne ministre des Mines, était placée sous mandat de dépôt pour sa gestion d’un programme en faveur des orpailleurs. Deux jours plus tôt, Ndèye Saly Diop, ex-ministre de la Femme, était mise sous contrôle judiciaire pour des soupçons similaires.

Entre ces affaires, un autre nom a refait surface de manière inattendue : celui d’Ismaïla Madior Fall. L’ancien ministre de la Justice a reconnu avoir reçu une somme de 50 millions de francs CFA, versée par Cheikh Guèye. Il affirme avoir restitué l’argent, invoquant une démarche diplomatique, mais cette révélation alimente les soupçons autour des circuits opaques de redistribution des fonds d’urgence.

Chacune de ces mises en cause semble renvoyer à une mosaïque d’initiatives improvisées, d’urgences budgétaires mal balisées et d’allocations peu ou pas justifiées. Ce que la justice sénégalaise tente désormais de démêler, c’est la part entre gestion précipitée et dérives personnelles dans un contexte où l’argent coulait à flot pour faire face à l’inconnu.

Un moment de vérité pour l’après-Macky Sall

L’effet domino enclenché par ces poursuites judiciaires redéfinit peu à peu le paysage politique sénégalais. Chaque nouveau nom cité renforce l’idée que la reddition de comptes est devenue un axe central de l’agenda gouvernemental. Pour les citoyens, longtemps témoins passifs de la gestion de la pandémie, cette cascade d’interpellations suscite autant d’espoir de justice que de frustration sur l’ampleur du gâchis présumé.

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Moustapha Diop n’est ni le premier, ni probablement le dernier à comparaître. Mais son profil d’élu local encore actif donne un relief particulier à cette arrestation. Elle symbolise un tournant où même les alliances locales, les relais régionaux, et les figures installées ne sont plus à l’abri du regard des juges.

Reste à savoir si cette dynamique aboutira à des sanctions exemplaires ou si elle finira noyée dans des procédures longues et techniques. En attendant, le pays suit cette série d’affaires avec une attention soutenue, dans un climat où chaque mise en cause rebat les cartes du jeu politique et interroge sur les responsabilités passées à l’heure de la reconstruction.

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