Devenue un levier central pour rapprocher l’administration des citoyens, la décentralisation est aujourd’hui au cœur des stratégies de gouvernance dans de nombreux États africains. Le Bénin, engagé depuis plusieurs années dans un vaste chantier de réformes institutionnelles, poursuit cette dynamique en misant sur une meilleure articulation entre le pouvoir central et les collectivités locales. Cette volonté s’est matérialisée, le 13 juin 2025, par un séminaire de haut niveau présidé par le chef de l’État Patrice TALON, en présence des acteurs clés de la décentralisation.
Une évaluation collective à mi-parcours
La Salle du Peuple du Palais de la Marina a accueilli les Préfets des douze départements, les Maires des soixante-dix-sept communes, leurs adjoints, ainsi que les Secrétaires Exécutifs et les représentants de l’Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB). Ce séminaire avait pour ambition d’examiner les acquis et limites de la réforme structurelle de la décentralisation, trois ans après sa mise en œuvre, tout en ouvrant la voie à un dialogue franc entre l’État et les communes.
Selon le Président de la République, cette réforme vise à renforcer la lisibilité des rôles, à améliorer la gestion locale et à consolider les fondements de la démocratie de proximité. « La gouvernance décentralisée doit être le fer de lance de l’action publique », a-t-il déclaré, appelant à une prise de conscience collective sur les enjeux de cette transformation.
Réaffirmer les principes et corriger les failles
Lors de son intervention, le Chef de l’État a reconnu les lacunes du système antérieur, marqué par une gestion confuse et peu efficace. Il a réaffirmé que la réforme repose sur une séparation nette entre fonctions politiques et administratives : aux élus la définition des orientations, aux exécutifs la mise en œuvre opérationnelle. « Fallait-il continuer ainsi, ou bien prendre les décisions courageuses pour changer la donne ? », a-t-il interrogé, en insistant sur la nécessité d’enraciner une nouvelle culture de la responsabilité.
La démarche n’exclut pas l’autocritique. Des ajustements sont envisagés afin de renforcer la cohérence de la réforme et de répondre aux difficultés exprimées par les responsables communaux.
Les attentes des communes sur la table
Représentant les élus locaux, Luc Sètondji ATROKPO, Président de l’ANCB, a salué l’engagement de l’exécutif en faveur des collectivités territoriales. Il a mis en lumière les retombées positives du nouveau cadre de gouvernance, notamment la stabilité des conseils communaux grâce à la réforme du système partisan. « Vos actions sont visibles du nord au sud, de l’est à l’ouest en passant par le centre », a-t-il affirmé devant le Président de la République.
Cependant, plusieurs préoccupations ont été formulées par les maires et leurs équipes :
- La relance provisoire de la délivrance des attestations de détention coutumière (ADC), en attendant une généralisation du titre foncier ;
- La clarification du statut administratif des maires fonctionnaires, aujourd’hui confrontés à des dilemmes de carrière et de hiérarchie ;
- L’intégration au patrimoine communal des véhicules de fonction utilisés localement, dans le respect des dispositions en vigueur.
Vers une gouvernance concertée et pragmatique
En réponse, le Président de la République a réaffirmé sa disponibilité à considérer, avec rigueur et objectivité, les recommandations issues de ces échanges. Il a encouragé les participants à formuler leurs observations sans retenue, soulignant que la réussite de la décentralisation passe par une implication active de tous les acteurs, au-delà des divergences partisanes. « Le Bénin nous appartient à tous. Nous avons l’obligation de le construire ensemble, pour les générations futures », a-t-il insisté.
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