La Commission européenne a récemment ajouté l’Algérie à sa liste des pays présentant des risques élevés en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Cette décision, annoncée le 10 juin 2025, place l’Algérie aux côtés de pays comme l’Angola, le Kenya, la Côte d’Ivoire, et le Venezuela, imposant ainsi des mesures de vigilance renforcée pour les institutions financières européennes dans leurs transactions avec ces juridictions.
Cette inclusion repose sur les évaluations du Groupe d’Action Financière (GAFI), qui avait déjà placé l’Algérie sous surveillance renforcée en octobre 2024. La Commission européenne utilise sa propre méthodologie pour évaluer les risques, ce qui soulève des questions, notamment sur l’application de ces critères à un pays relativement isolé des circuits financiers internationaux et soumis à un contrôle strict des changes.
Défaillances systémiques identifiées
Les principales critiques à l’encontre de l’Algérie concernent les lacunes de son cadre institutionnel de régulation financière. Les autorités algériennes manqueraient de ressources suffisantes pour une supervision efficace basée sur l’évaluation des risques. Les signalements d’opérations suspectes restent insuffisants selon les normes internationales, et les obligations de transparence concernant les bénéficiaires effectifs sont jugées trop limitées.
De plus, l’encadrement des organisations non gouvernementales est considéré comme inadéquat, malgré un contexte sécuritaire strict. Cependant, la réalité économique du pays semble contredire cette évaluation. Avec un taux de bancarisation inférieur à 50%, une monnaie non convertible et des contrôles de change rigoureux, l’Algérie est davantage confrontée à des fuites de capitaux qu’à des entrées illicites massives.
Contradictions et perspectives d’amélioration
L’inclusion simultanée de l’Algérie et le retrait des Émirats arabes unis de cette liste soulèvent des questions sur la cohérence des critères appliqués. Alors que Dubaï est reconnue comme une plateforme majeure pour les capitaux douteux, l’Algérie est stigmatisée pour ses retards en matière de conformité. Cette décision semble davantage être une pression politique déguisée en évaluation technique pour accélérer les réformes. L’Algérie devra moderniser sa gouvernance financière et renforcer ses mécanismes de contrôle pour espérer sortir de cette liste dans un délai de 18 à 24 mois, à condition d’une volonté politique ferme et de réformes structurelles concrètes.
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