Blé : en difficulté au Maghreb, la France reçoit un coup de pouce

Le contentieux ancien sur le Sahara occidental a ravivé les tensions entre l’Algérie et la France, entraînant des répercussions commerciales notables. Le soutien officiel de Paris au plan d’autonomie marocain a provoqué la colère d’Alger, fidèle allié du Front Polisario, qui revendique l’indépendance de ce territoire. Cette divergence politique a débouché sur des actes concrets : en octobre 2024, l’Office algérien interprofessionnel des céréales a lancé un appel d’offres de plus de 500 000 tonnes de blé, excluant explicitement les fournisseurs français. Cette décision a mis fin à une relation commerciale de longue date.

Les tensions entre les deux pays ne se sont pas limitées à ce secteur. Dès septembre 2023, l’Algérie avait déjà suspendu les importations de bétail français, en invoquant des motifs sanitaires. Ce durcissement global des relations illustre l’impact direct des choix diplomatiques sur les échanges agricoles. Autrefois fournisseur central pour le Maghreb, la France voit désormais sa position se fragiliser sur un marché où elle dominait auparavant.

Publicité

Une fermeture algérienne, une ouverture égyptienne

Malgré cette mise à l’écart, les exportateurs français trouvent d’autres débouchés. En avril 2025, l’Égypte a acheté 180 000 tonnes de blé français via son organisme public Mostakbal Misr selon Reuters. Trois navires doivent acheminer ces cargaisons. Ce contrat représente un soutien bienvenu pour les producteurs français.

Il ne s’agit pas ici d’une réorientation géopolitique, mais d’un concours de circonstances favorable, combinant besoins du marché égyptien et évolution des prix mondiaux. L’Égypte, fortement dépendante des importations pour nourrir sa population, adapte ses achats à la conjoncture économique, indépendamment des tensions diplomatiques.

Le rôle discret mais décisif de la politique extérieure

Ce double mouvement – blocage du marché algérien, ouverture partielle en Égypte – reflète une dynamique bien connue dans le secteur céréalier : les flux agricoles sont souvent conditionnés par la politique internationale. Le blé, au-delà de sa dimension alimentaire, symbolise aussi les rapports entre États. En préférant les céréales russes, l’Algérie a fait un choix dicté autant par ses alliances politiques que par des critères économiques. La Russie propose à la fois des prix compétitifs et un soutien politique constant, renforçant sa position de partenaire alternatif.

Face à cela, la France tente de maintenir son influence régionale en s’appuyant sur des opportunités ponctuelles comme l’accord conclu avec l’Égypte. Mais cet équilibre reste précaire, car ce marché est très sensible aux variations tarifaires et à la concurrence mondiale. Ce regain d’activité, bien que positif, ne compense pas encore les pertes subies au Maghreb.

Publicité

Les cargaisons de blé changent de destination, mais les enjeux restent les mêmes : le blé français doit composer avec des rivalités diplomatiques et les lois du marché. Si l’Algérie se ferme, d’autres pays restent accessibles — à condition que les conditions soient favorables.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité