Dans toute économie ouverte, le déficit commercial agit comme un baromètre de vulnérabilité. Lorsqu’un pays importe bien plus qu’il n’exporte, il creuse un trou dans sa balance extérieure, affaiblit sa monnaie, et se rend dépendant de financements extérieurs pour maintenir son niveau de vie. Pour un pays comme la Tunisie, où chaque point de croissance est vital, le creusement de ce déficit peut devenir un frein réel aux ambitions de relance. Or, selon les dernières statistiques de l’Institut national de la statistique (INS) ce jeudi, le déséquilibre s’est considérablement accentué en 2025, réveillant de vives inquiétudes chez les observateurs économiques et les décideurs politiques.
Un fossé qui s’élargit entre achats et ventes
Entre janvier et mai 2025, la Tunisie a accusé un recul de sa balance commerciale, avec un déficit qui a atteint 8,4 milliards de dinars, contre 6,4 milliards à la même période en 2024. Cette dégradation, équivalente à une hausse de 2 milliards de dinars ou 31 %, montre un affaiblissement de l’équilibre entre les exportations et les importations, traduisant un net repli de la capacité du pays à compenser ses achats extérieurs par ses ventes à l’international.
L’analyse des flux révèle un décalage flagrant : les exportations ont stagné, n’enregistrant qu’une maigre progression de 0,3 %, pour atteindre 26,8 milliards de dinars. Parallèlement, les importations ont enregistré une progression notable de 6,1 %, pour s’établir à 35,2 milliards de dinars, accentuant ainsi le déséquilibre commercial du pays. Autrement dit, pendant que les recettes d’exportation marquent le pas, les dépenses liées à l’achat de biens étrangers poursuivent leur envolée. Ce déséquilibre traduit non seulement une perte de compétitivité sur les marchés extérieurs, mais aussi une dépendance accrue à l’égard des intrants étrangers.
Une alerte pour les équilibres économiques
La détérioration du solde commercial envoie un signal d’alarme clair : sans un sursaut dans la politique industrielle et commerciale, la Tunisie pourrait voir son déficit extérieur compromettre les équilibres macroéconomiques. Une telle tendance rend plus difficile la stabilisation de la monnaie, alourdit la dette extérieure et met sous pression les réserves en devises.
Face à cette situation, des ajustements s’imposent. Redynamiser les exportations ne suffira pas sans une réduction ciblée des importations non essentielles, une montée en gamme des produits fabriqués localement et un renforcement du tissu industriel. Il ne s’agit plus seulement de surveiller les chiffres, mais de transformer en profondeur les mécanismes qui produisent ces déséquilibres.
L’aggravation du déficit commercial tunisien en 2025 n’est donc pas un simple accident conjoncturel. Elle met en lumière des fragilités persistantes, qui appellent des réponses urgentes et structurantes, si l’on veut éviter que cette spirale déficitaire ne se transforme en impasse économique.
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