Dessalement au Maghreb : des ambitions pharaoniques dévoilées

Une usine de dessalement (DR)

Alors que le stress hydrique devient un enjeu vital dans de nombreuses régions arides du globe, le dessalement de l’eau de mer s’impose comme une solution de survie autant que de souveraineté. Transformer l’eau salée de l’Atlantique ou de la Méditerranée en ressource potable et agricole n’est plus un pari technologique, mais un impératif stratégique. Au Maghreb, c’est au Maroc que cette transition prend une ampleur inédite. Le Royaume met les bouchées doubles pour bâtir un modèle d’autosuffisance hydrique reposant sur un mix d’innovations et d’infrastructures massives. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une multiplication par plus de huit de la capacité de dessalement en à peine trois ans, des investissements colossaux, et une vision qui redéfinit les priorités en matière de gestion de l’eau.

Des objectifs colossaux pour un enjeu vital

L’ampleur du chantier marocain dépasse les simples ajustements techniques. Il s’agit de redéfinir la gestion de l’eau en tant qu’acte politique majeur. Le Royaume ambitionne de couvrir, via le dessalement, les besoins urbains, industriels et agricoles, avec une attention particulière à l’irrigation qui absorbera près de 500 millions de m³ sur les volumes futurs. Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a apporté ces précisions en présentant les avancées en matière de dessalement. Cette orientation répond à un constat implacable : les ressources conventionnelles ne suffisent plus. L’aridité croissante, la raréfaction des pluies et l’épuisement des nappes poussent l’État à bâtir un nouveau socle hydrique, plus résilient.

Publicité

Dans cette logique, le Maroc a conclu un méga-accord impliquant les groupes Taqa, Nareva, le Fonds Mohammed VI et des partenaires émiratis pour construire plusieurs stations de dessalement géantes. À titre d’exemples, celle de Rabat avec une capacité de 300 millions de m³ et du Souss-Massa avec 350 millions de m³. Des villes bénéficieront d’une capacité de 100 millions de m³. En parallèle, 17 stations déjà opérationnelles produisent actuellement 320 millions de m³, contre seulement 40 en 2021. Le rythme de développement est fulgurant.

Une stratégie couplée à la transition énergétique

L’un des piliers fondamentaux de cette stratégie repose sur l’énergie renouvelable. Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a souligné que l’objectif est de produire localement l’électricité nécessaire pour alimenter ces unités de dessalement, tout en transférant l’énergie excédentaire du Sud vers le Nord. Ce transfert sera rendu possible grâce à une ligne électrique de 1.400 kilomètres de long et de 3.000 mégawatts de puissance, reliant notamment les régions de Dakhla et Guelmim aux zones fortement peuplées du Nord. Une infrastructure qui témoigne du caractère systémique de la stratégie marocaine : le dessalement ne se limite pas à produire de l’eau, il mobilise toute une ingénierie énergétique, logistique et territoriale.

En intégrant des énergies propres dans le processus, le Royaume cherche aussi à éviter que le remède devienne un fardeau écologique. L’osmose inverse, principal procédé de dessalement utilisé, reste énergivore. L’alimenter via le solaire et l’éolien constitue non seulement une réponse aux enjeux climatiques, mais aussi un levier de compétitivité et de souveraineté énergétique. Cette approche intégrée pourrait bien transformer le Maroc en un modèle régional, voire continental.

De la gestion à la production : un changement de paradigme

Le Royaume ne se contente plus de gérer l’eau, il la fabrique. Cette logique marque une évolution radicale dans la politique nationale de l’eau. Nizar Baraka l’a lui-même reconnu : le Maroc entre dans une nouvelle ère, où il ne s’agit plus uniquement de miser sur les grands barrages – même si le pays en compte aujourd’hui 154 – mais d’opérer une fusion entre les ressources naturelles et les technologies modernes. Ce « mix hydrique » repose autant sur les infrastructures conventionnelles que sur des ressources non traditionnelles comme le dessalement ou la réutilisation des eaux usées, tout en intégrant une politique active d’économie et de préservation des eaux souterraines.

Publicité

En diversifiant ses sources, en accélérant ses investissements et en créant des synergies entre régions et secteurs, le Maroc affiche une stratégie hydrique qui va bien au-delà de la simple adaptation climatique. C’est une réinvention de la souveraineté, de l’aménagement du territoire et de la durabilité. Dans une région où la rareté de l’eau devient un facteur de tension et de dépendance, ces ambitions dessalées pourraient bien constituer, demain, l’un des socles de stabilité du Maghreb.

3 réponses

  1. Avatar de Az
    Az

    Pauvre Monsieur, votre boisson c’est la haine comme d’habitude c’est bien dommage.
    Nous les marocains, nous voulons que du bien à nos voisins c’est pour cette raison que vous venez nombreux passer vos vacances chez nous et prendre énormément de douche dans nos hôtels.
    A bientôt mon cher voisin

  2. Avatar de Benomar abdelhafidh mon e mail
    Benomar abdelhafidh mon e mail

    Peuple n’a pas le choix yahya El watan

  3. Avatar de Ah ben
    Ah ben

    C’est seulement des prévisions ! En réalité le peuple crève de soif et toute cette eau c’est pour les plantations d’avocats !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité