La dette publique représente un levier financier essentiel pour le développement des États, mais son contrôle rigoureux demeure indispensable pour préserver la stabilité économique. Une dette mal gérée peut se transformer en un fardeau écrasant, limitant la capacité des gouvernements à investir dans les services publics ou à répondre efficacement aux chocs économiques. Le suivi attentif de l’endettement extérieur et intérieur est crucial pour garantir une croissance durable et éviter des crises financières aux conséquences parfois dramatiques. Or, en Afrique, cette problématique prend une dimension particulièrement pressante avec des pays dont les niveaux d’endettement ne cessent d’augmenter, plaçant certains au bord d’une vulnérabilité économique accentuée.
Le Maroc, un poids lourd de la dette africaine
Parmi les nations africaines, le Maroc se distingue par son endettement extérieur élevé, se hissant au quatrième rang continental avec une dette estimée à près de 69 milliards de dollars. Selon Afreximbank, cette somme représente presque 6 % de la dette extérieure globale de l’Afrique, un chiffre significatif qui souligne l’importance de ce pays dans le paysage financier du continent. La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) alerte sur les risques inhérents à cette situation, notamment la montée des coûts d’emprunt qui pèsent sur la capacité du Maroc à honorer ses engagements. Cette dépendance accrue aux créanciers privés réduit également la flexibilité budgétaire du pays, restreignant les marges de manœuvre nécessaires pour faire face à des urgences économiques ou investir dans des projets structurants.
Cette dynamique s’inscrit dans un contexte où l’endettement extérieur africain dépasse déjà les 1 200 milliards de dollars et devrait atteindre plus de 1 300 milliards d’ici la fin de 2025. Ce poids financier est largement concentré dans une poignée de pays, avec le Nigeria, l’Égypte, l’Afrique du Sud, et le Maroc cumulant près de 70 % du total continental. Une telle concentration révèle que les problèmes de dette ne sont pas isolés, mais bien liés à des dynamiques macroéconomiques complexes qui affectent directement la capacité des États à soutenir leur développement.
Risques et conséquences d’une dépendance excessive à l’endettement extérieur
La montée rapide de la dette extérieure, surtout lorsqu’elle provient de créanciers privés, expose les pays à des risques majeurs. Une hausse des taux d’intérêt internationaux ou une dégradation de la notation souveraine peut entraîner un renchérissement du coût de la dette, rendant plus difficile le refinancement des emprunts existants. Pour le Maroc, cette situation est d’autant plus critique que la part importante de dettes à court terme ou à taux variables peut déclencher un effet domino, fragilisant non seulement les finances publiques, mais aussi la stabilité monétaire et financière. En d’autres termes, le pays pourrait se retrouver face à un cercle vicieux où le besoin de recourir à de nouvelles dettes pour rembourser les anciennes alourdit constamment la facture.
Une illustration simple serait celle d’un ménage contractant plusieurs crédits à la consommation avec des taux d’intérêt variables dans un contexte de hausse des prix. Si ses revenus stagnent ou diminuent, il doit alors consacrer une part croissante de son budget au remboursement de ces dettes, au détriment d’autres dépenses essentielles. De la même manière, un État très endetté doit parfois réduire ses investissements publics, augmenter la fiscalité ou recourir à des politiques d’austérité, qui peuvent freiner la croissance économique et aggraver les inégalités sociales.
Vers une gestion financière plus rigoureuse et un avenir résilient
Face à cette situation préoccupante, la Banque africaine d’import-export recommande aux États de renforcer la discipline budgétaire et de réduire leur dépendance excessive à la dette extérieure. Cela passe par une meilleure planification des emprunts, en privilégiant des financements plus soutenables et diversifiés, ainsi que par le développement de ressources internes telles que la mobilisation fiscale et la gestion efficace des dépenses publiques. Pour le Maroc et ses voisins, adopter ces mesures est impératif afin de préserver leur capacité à investir dans des secteurs stratégiques comme l’éducation, la santé ou les infrastructures, tout en renforçant leur résilience face aux chocs économiques internationaux.
Le défi reste toutefois de taille : il s’agit de conjuguer les besoins urgents de financement pour soutenir la croissance et le développement social, tout en évitant les pièges d’un endettement excessif qui pourrait freiner la trajectoire économique sur le moyen et long terme. À cet égard, la vigilance des institutions financières régionales et internationales, ainsi que la mise en œuvre de politiques nationales adaptées, joueront un rôle déterminant dans la maîtrise de ce défi majeur. Le chemin vers une gestion plus saine de la dette est complexe mais indispensable pour assurer une prospérité durable au Maghreb et à l’ensemble du continent africain.
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