Le Maroc est un acteur incontournable dans le secteur mondial des engrais, en particulier grâce à ses énormes réserves de phosphates. Ces ressources naturelles font du royaume, l’un des plus grands exportateurs d’engrais. Ses engrais phosphatés sont largement utilisés dans le monde pour améliorer les sols et assurer de bonnes récoltes, ce qui en fait un pilier de la sécurité alimentaire internationale. Mais cette domination suscite aussi des inquiétudes, notamment aux États-Unis, où certains estiment que ces importations marocaines menacent les producteurs locaux.
Quand la justice américaine remet tout en question
Le 22 avril 2025, un tribunal spécialisé dans les affaires de commerce à Washington — la Cour du commerce international des États-Unis — a estimé que les preuves avancées jusque-là ne suffisaient pas pour prouver que les engrais marocains avaient un réel impact négatif sur l’industrie américaine. Elle a donc demandé un réexamen complet du dossier. Suite à cette décision, ce mardi, la Commission américaine du commerce (USITC) a officiellement annoncé qu’elle allait rouvrir l’enquête.
L’annonce a été publiée dans le Registre fédéral et précise que seuls les participants à la première enquête pourront donner leur avis par écrit, au plus tard le 20 juin 2025. Ce nouveau réexamen vise à déterminer si les droits de douane supplémentaires imposés aux engrais marocains doivent être maintenus ou annulés.
Un tournant économique pour les deux pays
Si la Commission conclut que ces taxes ne sont plus justifiées, cela pourrait faire baisser les coûts pour les agriculteurs américains, qui paieraient moins cher leurs engrais. Mais cela mettrait aussi plus de pression sur les producteurs d’engrais aux États-Unis, qui devraient faire face à une concurrence étrangère encore plus forte.
Pour le Maroc, ce serait une vraie victoire économique. Cela lui permettrait de renforcer sa place sur le marché américain, l’un des plus importants au monde, et de peser encore plus lourd dans les échanges mondiaux d’engrais. D’autres pays exportateurs pourraient même s’en inspirer et revoir leur propre stratégie face à la montée en puissance du Maroc.
Au-delà des engrais, des tensions géopolitiques
Cette affaire ne concerne pas seulement les prix ou les quantités d’engrais. Elle met aussi en lumière une rivalité économique plus large. D’un côté, certains pays comme le Maroc cherchent à étendre leur influence grâce à leurs ressources naturelles. De l’autre, des puissances comme les États-Unis cherchent à protéger leurs industries locales tout en restant ouverts au commerce mondial.
Le dossier des engrais phosphatés montre à quel point l’équilibre est difficile à trouver. Les engrais sont essentiels pour nourrir la planète, mais ils sont aussi au cœur de décisions politiques, économiques et environnementales très sensibles. La manière dont les États-Unis trancheront dans cette affaire pourrait avoir des répercussions bien au-delà du secteur agricole, en influençant d’autres pays et d’autres matières premières stratégiques.
Dans un monde où nourrir les populations devient un défi de plus en plus complexe, chaque décision liée à ces produits peut avoir un effet domino. C’est ce que rappelle cette enquête américaine : derrière un sac d’engrais, se cache parfois une bataille entre nations.
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