une nouvelle ère énergétique se dessine autour de l’hydrogène vert, présenté comme une solution propre pour décarboner l’industrie, le transport et la production d’électricité. Issu de l’électrolyse de l’eau à partir d’énergies renouvelables, cet hydrogène ne rejette pas de CO₂ et attire déjà l’attention de plusieurs pays cherchant à diversifier leurs sources énergétiques tout en répondant aux engagements climatiques. Face à cette transition, certains producteurs traditionnels d’hydrocarbures voient dans l’hydrogène vert une opportunité stratégique. C’est le cas de l’Algérie, qui entend jouer un rôle actif sur ce marché en pleine structuration.
Un objectif chiffré et des moyens alignés
D’ici 2040, l’Algérie vise l’exportation annuelle d’un million de tonnes d’hydrogène vert. Cette ambition, présentée à Oran par un cadre du ministère de l’Énergie, Sofiane Dekkiche, repose sur un investissement évalué à 25 milliards de dollars. Cette enveloppe devrait couvrir le développement d’infrastructures de production, de stockage et de transport, tout en accompagnant la montée en compétence des ressources humaines impliquées.
L’ampleur du projet reflète une volonté de positionner l’Algérie comme un fournisseur crédible, notamment pour les marchés européens en quête de solutions bas carbone. Le pays entend aussi tirer parti de son ensoleillement abondant et de ses capacités existantes dans le secteur énergétique. Ces atouts sont perçus comme des leviers essentiels pour produire à grande échelle un hydrogène à coût compétitif.
Un savoir-faire en construction autour de projets pilotes
Si la feuille de route est claire, Sonatrach s’emploie déjà à poser les fondations concrètes de cette transition. Selon Billel Kelache, directeur des Énergies renouvelables du groupe, plusieurs projets pilotes sont actuellement en cours de développement. Ils visent à tester la faisabilité technique, à maîtriser les technologies clés et à structurer les premières chaînes de valeur. L’un des axes explorés est la transformation de l’hydrogène en engrais à destination du marché européen, un débouché stratégique qui combine demande agricole et contraintes écologiques croissantes.
L’Algérie ne mise pas uniquement sur l’infrastructure : la stratégie prévoit aussi un effort soutenu en matière de formation. Des programmes en collaboration avec des institutions locales et étrangères doivent permettre à une nouvelle génération de techniciens et d’ingénieurs de se spécialiser dans l’hydrogène vert, garantissant ainsi une appropriation durable des compétences.
L’Algérie vise un rôle central dans la région
La projection est ambitieuse : devenir une référence sur le continent et autour du bassin méditerranéen. Grâce à son expertise dans le gaz naturel, à ses pipelines transfrontaliers et à sa position géographique, l’Algérie entend répliquer son modèle gazier à l’hydrogène. Ce choix stratégique pourrait lui permettre de garder sa place dans les futures configurations énergétiques mondiales.
À mesure que la demande pour l’hydrogène vert s’intensifie, notamment en Europe où la décarbonation des industries devient impérative, le positionnement algérien prend tout son sens. En investissant dès maintenant, le pays espère capter une part significative d’un marché encore naissant mais appelé à peser lourd dans les décennies à venir.
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